Classique américain du début du 20° siècle: Upton Sinclair était un journaliste de la catégorie qu'on appelait "mudrackers", ou "remueurs de boue", on dirait de nos jours, "engagé".
Dans cette histoire terrible, l'auteur raconte l'histoire d'une famille Lithuanienne qui émigre à Chicago et va travailler dans les abattoirs, croyant faire fortune. Tous sont pleins de bonne volonté, mais naïfs et ignorants.
Ils vont tenter de survivre dans cette jungle urbaine et industrielle, sans succès, et se feront tous peu à peu broyer par un système infernal de travail à la chaîne dans des conditions abominables, de misère et de saleté sordides.
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Certains passages frôlent le mélodrame, et je pense qu'un auteur moderne n'aurait pas écrit comme ça : au lieu de personnages fictifs, il aurait pris la réalité telle quelle.
Le roman n'en reste pas moins bouleversant et révoltant, on voudrait tellement que les héros s'en sortent, et on assiste à leur plongée dans la misère la plus noire, sans qu'il y ait de leur faute. En fait, l'auteur a profité en présentant toute une famille, hommes femmes et enfants, pour décrire différents métiers dans différentes usines, différents logements de taudis habités successivement par eux, et chaque endroit est un enfer en lui même.
Parallèlement, il a dénoncé la façon dont était traitée la viande, les saucisses, le corned beef, avec des poisons qui font dresser les cheveux sur la tête : à la suite de quoi, toutes les lois sur la nourriture ont été changées, ce qui a fait dire à Sinclair "je voulais toucher le cœur de mes contemporains, j'ai touché leur estomac.
La 2° partie du livre, quand le héros acquiert une conscience politique et découvre le socialisme, est beaucoup moins réussie, à mon avis : c'est de la propagande, et assez pesamment didactique. Il n'empêche que c'est un livre inoubliable, qui hantera le lecteur pour le restant de ses jours.