Synopsis :Atteignant enfin la Montagne Solitaire, Thorin et les Nains, aidés par Bilbon le Hobbit, ont réussi à récupérer leur royaume et leur trésor. Mais ils ont également réveillé le dragon Smaug qui déchaîne désormais sa colère sur les habitants de Lac-ville. A présent, les Nains, les Elfes, les Humains mais aussi les Wrags et les Orques menés par le Nécromancien, convoitent les richesses de la Montagne Solitaire. La bataille des cinq armées est imminente et Bilbon est le seul à pouvoir unir ses amis contre les puissances obscures de Sauron.Avis personnel :ATTENTION, CETTE CRITIQUE CONTIENT DE MINI-SPOILERS ! Bon, alors je dois dire que malgré toutes les bonnes choses dans ce dernier opus, j'ai été légèrement déçu.
Cela tient à plusieurs choses : le manque d’ampleur général au détriment des bastons individuelles, le trop plein de numérique (qui casse un peu la magie des images et des décors naturels), les triangles amoureux foireux, le coté j’en-mets-plein-la-vue qui fait oublier la grande aventure qu’est celle de Bilbo, etc. C’est d’autant plus dommage que cet esprit d’aventure était bien présent dans les deux premiers volets et qu’il passe ici complètement à la trappe. Alors oui, c’est la guerre, mais dans ce cas-là ils auraient pu justement plus mettre l’accent sur la guerre et ses enjeux, plutôt que se focaliser sur les destins croisés de chaque personnage. Là, y’a un trop plein de persos, de cascades, d’affrontements éparpillés, qui nous font perdre de vue le conflit central.
C’est d’autant plus dommage que les rares plans mettant en scène les différentes forces en présence sont réussis et ne manquent pas de classe. Pourquoi ne pas en avoir mis plus ? D’ailleurs au passage, où sont passés les 5 factions ? Dans le bouquin, on avait bien : les elfes, les humains, les nains, les aigles et les wargs. Il manque pas une race ici ? Et d’ailleurs, même en ce qui concerne les aigles, on les voit 5min à tout casser, mais du coup ça limite un peu titre mensonger…
Alors après, je sais que c’est pas le SDA non plus, que les ambitions et que le ton même des films ne sont pas les mêmes (on avait avec la première trilogie une épopée guerrière qui se finissait en guerre pour le monde libre, ici il s’agit d’un conte enfantin, non dénué d’aventures et d’escarmouches, dont la guerre finale n’est qu’une des nombreuses péripéties du voyage : ce n’était pas une finalité en soi dans le roman).
Le public et la façon de raconter l’histoire ne sont pas les mêmes et il est normal qu’on retrouve ce coté « bon enfant », un peu édulcoré – là où le SDA se devait d’aller jusqu’au bout de son propos, avec gravité et solennité.
Là n’est pas le problème, mais encore une fois P. Jackson semble avoir trop morcelé son récit et ce 3e opus souffre d’un gros défaut de rythme : l’affaire Smaug est torchée en un quart d’heure et on enchaine sur la guerre, qui est le moteur principal du film, mais pourtant celle-ci n’est pas vraiment filmée en tant que telle. Sans compter les petites intrigues annexes, certes jouissives (Dol Guldur), mais qui n’apportent rien hormis préparer le terrain pour un SDA, dont une part de la menace « invisible » qui s’y profilait lentement perd du coup une bonne partie de son intérêt.
A force de générosité et de vouloir trop expliciter les choses, P. Jackson se tacle lui-même d’une trilogie à l’autre. Pas sûr que regarder Bilbo et le SDA à la suite soit une bonne idée, tant il y a d’éléments récurrents et de faux mystères (qui du coup, ne sont plus mystérieux du tout lol).
Et je reviens une minute sur Smaug : pourquoi nous faire planer une menace indicible sur sa vengeance à la fin du second opus, si c’est pour le faire apparaître « en guest » sur cet épisode et le faire crever en deux-deux, comme un mauvais méchant de série b ?
Dans ce cas-là, il aurait fallu ne pas faire de cassure et enchaîner directement le départ de Smaug de la montagne solitaire à la destruction de Dale (puis sa mort) à la fin du deux ; ça aurait été plus logique et aurait permis à ce dernier épisode de se focaliser uniquement sur la bataille des 5 – allez, 4 et demi – Armées.
Bref, découpage mal pensé, mauvais agencement des séquences et du coup, un rythme d’ensemble déséquilibré, si bien qu’à certains moments le temps me semblait long et au contraire, certains passages m’ont paru à peine survolés. Peter Jackson donne l’impression de ne plus savoir comment remplir les trous de son scénario, qui à force de broder autour de ce conflit et de ses personnages, ne raconte plus grand-chose, hormis une bastonnade géante de 2h30, qui manque singulièrement de souffle épique et du gravitas majestueux de son aîné.
Après, tout n’est pas à jeter et le film trouve des qualités dans ses défauts. Par exemple, s’il est vrai que la guerre est ici en retrait, certains personnages ont leur moment de bravoure : ainsi, LA scène avec Legolas lorsqu’il affronte Bolg est clairement jouissive, le Bard vs. Troll est fun à souhait et le combat entre Thorn et Azog, bien que traînant un peu en longueur, est à la hauteur des espérances.
Pareillement, la scène avec les Conseil Blanc est l’une des plus réussies et jubilatoires de la trilogie (voire des deux lol eh oui, je suis comme ça, moi !). J’a bien aimé aussi, petits détails qui semblent anodins, mais participant néanmoins à l’enrichissement de la mythologie, les montures des chefs d’armée de chaque clan ou nouvelles créatures : cerf énorme aux bois majestueux pour les elfes, porcs (?) de combat pour les nains (mais étonnamment crédibles) et aussi ces espèces de super-bouquetins(lol) ou de « mangeurs de terre », que je m’attendais pas à voir là…
Bref, plein de petits ajouts à mettre au crédit de Peter Jackson et de son équipe, qui ont fait ici un joli travail de fond (encore une fois) sur les Terres du Milieu. Et si, effectivement, on a droit à beaucoup (trop) de CGI envahissantes même pour les figurants, il faut voir le soin apporté au design des costumes, armes et accessoires (l’armure d’Elrond m’a juste rendu ouf lol entre autres).
Bref, je le disais plus haut, le réalisateur est toujours aussi généreux envers ses fans. Là-dessus y’a pas à tortiller.
C’est juste dommage que dans sa soif de vouloir nous offrir à nouveau une aventure bigger than life, tout en se pliant aux diktats du blockbuster moderne (trilogie oblige, tout numérique, utilisation systématique de la 3D là où il y en a pas toujours forcément besoin), Mr. Jackson se soit parfois fourvoyé dans son cahier des charges et dans l’équilibrage de son scénario – par moments plutôt bancal. Mais que l’on se rassure : le spectacle et le plaisir sont toujours là, forcément plusieurs crans en-dessous du modèle original (je parle bien du Seigneur des Anneaux, oui, pas du bouquin Bilbo lol), mais avec néanmoins la marque de fabrique de son auteur et une sincérité toujours intacte.
Cette trilogie-là ne marquera peut-être pas le cinéma comme l’a fait la précédente, mais on se rappelera toujours avec plaisir les aventures de Bilbo en Terres du Milieu en compagnie de ses amis nains. Quelques plans et images iconiques nous rappellent bien que nous sommes chez Tolkien et que Jackson possède toujours la même ferveur en transposant son univers à l’écran.
Pour tout amateur de fantasy, d’évasion et de cinéma, c’est déjà énorme ! Smile
P.S: Une fois arrivé à la fin de cette trilogie, on est en droit de se poser la question d'un éventuel retour des Terres du Milieu à l'écran. En ce qui me concerne, je suis plutôt dubitatif : les droits des autres écrits de l’auteur ne seront pas débloqués avant plusieurs décennies et vu que la Tolkien Society n’a pas du tout aimé ce qu’en a fait Jackson, il y a fort à parier qu’on ne voit pas de nouvelles adaptations de cet univers au ciné avant bien bien longtemps…
Et pis le Silmarillion sur grand écran ? D’accord c’est un fantasme, mais tellement improbable (et infaisable) d’un point de vue technique/logistique ou même chronologique (rappelons que le corps du Silmarillion se déroule sur plusieurs millénaires, plusieurs âges et des centaines de personnages différents) qu’il faudrait au moins une dizaine de films différents pour ne raconter que la moitié des récits épiques qui forment cet ensemble.
Jackson aime peut-être les défis, mais celui-ci me semble tout de même au-dessus de ses ambitions lol