Auteur : Matt Haig
Titre : Les Radley
Synopsis : Ils n’ont qu’une addiction : le sang.
Mais depuis plus de vingt ans, ils ont décidé de renoncer à leur pêché mignon et de se désintoxiquer. Pas facile d’être un vampire urbain au XXIe siècle ! Dans une banlieue british tout ce qu’il y a de plus respectable, la famille Radley essaye désespérément de se comporter comme « des gens normaux ». Mais des vampires de souche peuvent-ils définitivement refouler leurs désirs et leurs instincts ? Pas sûr...
Mon avis : Tout d’abord, je tiens à remercier les éditions Albin Michel pour m’avoir envoyé ce livre, en partenariat avec Lire Ou Mourir, sans quoi, je ne pense pas que je l’aurais lu, ce qui aurait été un tort.
Il ne faut pas s’arrêter sur la quatrième de couverture et se dire « c’est encore une histoire sur les vampires ». En ce moment beaucoup font une overdose de ces créatures de la nuit, (il faut dire que beaucoup de livres ont été édités depuis qu’un certain livre a eu une ascension assez fulgurante) mais franchement, il faut passer outre parce qu’ici Matt Haig utilise le mythe du vampire d’une autre manière. Cette lecture a vraiment été agréable car l’écriture est facile à lire, les chapitres sont courts, ce qui permet de voir défiler les pages assez rapidement.
Le livre est découpé en trois jours (samedi, dimanche et lundi), l’histoire se déroule sur une période très courte, mais ça n’empêche pas que les évènements s’enchainent et qu’on voit comment un élément peut tout chambouler dans une famille et la mettre d’une certaine manière en péril, tout ça à cause des secrets. On a des petits extraits d’un manuel :
Le Manuel de l’Abstinent et j’ai trouvé ça intéressant de voir les conseils donnés pour que la famille soit la plus normale possible. Mais est-ce vraiment le cas, en sachant leur nature ?
On ne nous dit pas tout de suite qu’il s’agit d’une famille de vampires, mais on sent qu’il y a quelque chose d’étranges chez eux, sans qu’on sache quoi (si on oublie le fait qu’on ait lu la 4e de couverture évidemment ^^). Dans les premières pages, on nous présente chaque membre de la famille, leurs petits problèmes… et on voit rapidement que Clara, la fille ne va pas bien. Au fur et à mesure, son état se dégrade, jusqu’à ce que la vérité finisse par éclater lors d’une soirée où elle tue un garçon ivre qui avait tenté de la violer. Sa nature vampirique prend le dessus et ne comprend pas ce qu’il lui arrive, alors les problèmes commencent. Avec cet évènement, les parents sont bien obligés d’avouer la vérité à leurs enfants et leur dire qu’ils sont en réalité des vampires. Clara le prend plutôt bien (en même temps, avec ce qu’elle vient de vivre, elle ne peut qu’y croire), ce qui n’est pas le cas de Rowan, qui pense que tout ça n’est que mensonge. Mais il finit par se rendre à l’évidence que c’est ce qu’ils sont. Un lourd secret de famille qui une fois éclaté, va entrainer d’autres réactions en chaine et faire ressurgir à la surface des souvenirs qu’ils auraient mieux fallu ne pas déterrer.
Les choses se compliquent avec la présence de Will, qui n’est autre que le frère de Peter (le père). On nous le présente brièvement, afin de se familiariser avec le personnage, avant qu’il n’entre en scène dans la vie de notre famille abstinente (alors qu’il est pratiquant, c'est-à-dire qu’il boit du sang). Helen est inquiète de sa présence dans sa maison et on sent un malaise chez elle qui s’explique au fur et à mesure. Pour l’histoire, je n’en dirais pas plus, sans quoi je risque de divulguer des informations et ce n’est pas le but de spoiler l’histoire (il n’y aurait plus d’intérêt à lire le livre alors qu’il en vaut vraiment la peine).
On découvre certains personnages, qui au premier abord ont l’air peu important, mais à mesure de l’histoire, les éléments s’imbriquent et on voit que rien n’est laissé au hasard. La famille Radley est vraiment attachante, tous les membres autant qu’ils sont car on voit que les parents – même s’ils n’osent pas se l’avouer en face – ne sont pas bien dans cette vie. Les enfants, ignorant leur nature, ne sont pas bien dans leur peau, ils sentent que quelque chose ne va pas. Une tension nait depuis l’arrivée de Will, et pas qu’au sein de la famille, à cause de ce qu’il est et de ce qu’il fait.
Ce livre donne vraiment à réfléchir, sur les secrets, les passés lourds et la peur d’être découvert. Cette famille s’empêche de vivre. Donc la question est : peut-on vraiment ignorer sa nature et être quelqu’un que l’on n’est pas ? Là, est tout l’intérêt du livre à mon sens et Matt Haig nous apporte un début de réponse. Le vampirisme est un élément clé de cette histoire, mais ça ne repose pas totalement dessus, « le secret » aurait très bien pu être remplacé par autre chose. C’est un livre sur les vampires, mais qui ne parlent pas d’eux de la même manière que dans un livre surnaturel que l’on peut rencontrer beaucoup de nos jours. En tout cas ça a été une très bonne lecture pour moi (et j’ai constaté que je n’étais pas la seule), ce livre mérite qu’on y jette un œil.