Date de sortie : 1 juillet 2015
Réalisé par : Alan Taylor
Avec : Arnold Schwarzenegger, Jason Clarke, Emilia Clarke plus
Genre : Action , Science fiction
Nationalité : Américain
Durée : 2h06min
Synopsis :Le leader de la résistance John Connor envoie le sergent Kyle Reese dans le passé pour protéger sa mère, Sarah Connor et préserver l'avenir de l’humanité. Des événements inattendus provoquent une fracture temporelle et Sarah et Kyle se retrouvent dans une nouvelle version du passé. Ils y découvrent un allié inattendu : le Guardian. Ensemble, ils doivent faire face à un nouvel ennemi. La menace a changé de visage.Avis personnel :Terminator Genisys est l'exemple parfait de cette "nouvelle" tendance qui définit actuellement la grosse machine Hollywoodienne.
On prends une grosse franchise connue et à succès, on la charcute dans tous les sens à gros coups de millions de dollar et on fait passer la dernière version pour une relecture post-moderne intelligente du matériau initial sans se soucier de la cohérence. Des suites de suites, des adaptations de, des préquelles, des reboots en pagaille, des univers étendus (Marvel n'est que le début...), voilà ce qui marche actuellement et c'est pas prêt de s'arrêter tant que le public ne fait pas d'overdose. Y'a qu'à voir les gros scores au box-office de cette année : Jurassic World, Fast & Furious 7, Avengers l'Ere d'Ultron, Mad Max Fury Road, etc. On est en plein dedans ! Et dans le cas de ce nouvel épisode de Terminator, alors : est-un remake ? Un reboot cachant ses intentions, une suite ou une préquelle qui tiendrait un peu de tout ça à la fois? Pour tout dire, c'est tellement le bordel qu'on peine vraiment à s'y retrouver (dans un premier temps, pcq à la fin on en a plus rien à foutre)... Et c'est bien là le problème car même le réalisateur lui-même a admit en interview ne pas trop saisir où allait vraiment le scénario, essayant tout juste de suivre le train en marche en collant des explosions partout, des jokes pourries et des acteurs bankables pour garnir le buffet.
Mais de quel genre de buffet parle-t-on ?
Ce Genisys s'est fait lapider par une bonne partie de la critique et les spectateurs, sans être unanimes, se rangent pour la plupart à ces avis négatifs.
Pour ma part, même si je n'ai pas encore décidé entre daube abyssale et nanar distrayant jetant quelques ponts intéressants avec la saga initiale... je dois dire que je suis majoritairement déçu. Pas que je m'attendais à quoi que ce soit, hein, la plupart du contenu du film tient dans sa bande-annonce (qui spoile allègrement l'intrigue) et celle-ci n'avait déjà rien de très glorieuse lol
Mais je dois avouer néanmoins que je suis fan de la saga et que quelques idées valables surnagent au milieu de ce maelstrom cynique et bordélique, cachant mal ses intentions mercantiles...
Ceci dit, il faut quand même parler des antécédents, pour mieux comprendre d'où vient cette chose protéiforme et bancale.
Terminator Genisys s'inspire avant tout des 2 premiers épisodes, signés par Cameron (considérés comme les meilleurs, à juste titre). Quand T3 est sorti, on a applaudi l'arrivée d'une suite au films cultes de James Cameron, mais l'intrigue et son déroulé à l'écran étaient un simple décalque de ces épisodes précédents et celui-ci n'apportait rien à la saga - hormis une conclusion sympa et plutôt sombre, bien dans le ton. Terminator Renaissance (le 4, donc), était chronologiquement la suite logique du 2e épisode : "après l'holocauste nucléaire, voilà où nous en sommes". Accueilli de façon très mitigée à sa sortie, je trouve pour ma part qu'il était très intéressant et qu'il proposait un tas de nouvelles idées pour faire avancer la série
- Spoiler:
(Marcus, la résistance enfin dévoilée en coulisses, le monde post-apo en-dehors de Los Angeles, les nouveaux Terminator).
A l'époque (2008 ou 2009, je sais plus), il était même question que ce 4e opus soit le début d'une nouvelle trilogie se déroulant dans le futur.
Malheureusement, pas assez de chiffres au box-office et projet tombé à l'eau...
Ce qui nous ramène donc aujourd'hui, avec ce nouvel épisode censé lancer la saga sur de nouveaux rails tout en "revisitant" les épisodes de Cameron.
Au scepticisme initial est venu s'ajouter toute une campagne promo foirée, dévoilant dès les premières bandes-annonces le gros méchant de l'histoire et éventant d'un coup tout l'effet de surprise que ce "twist" était censé provoquer dans le coeur du fan. Mais c'est là où Genisys est tout-à-fait insidieux, car en jouant sur les attentes et la nostalgie des fans de les premières heures, il trahit en fait le matériau originel pour attirer une nouvelle génération de spectateurs, pas forcément au fait du "mythe" Terminator. Cette frange "nouvelle" du public est caressée dans le sens du poil avec du numérique à go-go en veux-tu en voilà, des scènes de destruction/poursuites impressionnantes (mais aux enjeux souvent creux) et un montage cut qui essaie de faire tenir en 2h un scénario inutilement alambiqué qui aurait demandé une bonne heure supplémentaire pour faire tenir tout ce vaste bordel.
Et c'est justement sur ce point-là que le bat blesse terriblement : le scénar'.
Celui-ci, en revisitant des scènes complètes (parfois jusqu'au copier/coller) des T1 et 2, se veut malin, mais la vraie-fausse nouvelle histoire qu'il essaie de greffer par-dessus ces moments que l'on connait par cœur, ne fait que trébucher sur l'originale. On change un ou deux éléments, on tente une inversion des rôles des personnages
- Spoiler:
- Sarah n'est plus la fille à sauver, c'est elle qui sauve Kyle Reese dans une 1984 "alternatif" -
, on ajoute un autre perso qui n'a rien à faire là
- Spoiler:
- le T-800 "original" a déjà sauvé Sarah en 1973 et depuis la protège jusqu'à l'arrivée, attendue et connue, de Kyle en 84 -
nous faisant comprendre maladroitement que ce qu'on connaissait jusque-là n'était pas la réalité et que du coup, la chronologie entière de la saga n'est plus celle que nous connaissions.
Procédé "habile" (ou complètement hypocrite, au choix) pour prendre le spectateur pour un con et qui laissera le loisir aux scénaristes de "recréer" toute une nouvelle trame autour.
Sauf que celle-ci, en plus d'être vide et ennuyeuse, part dans tous les sens, sans ligne directrice claire.
A partir de là, on saute donc à nouveau dans le temps, d'une époque à l'autre, d'une scène spectaculaire à l'autre, en essayant de comprendre les ressorts d'une intrigue qui ne ressemble rapidement plus à rien, à force d'aller dans tous les sens. Et on est pas aidés par les personnages, incarnés mollement par des acteurs qui ne semblent pas vraiment y croire et qui laissent bien voir toutes les failles d'un script creux et inutilement compliqué. Les dialogues sont plats, peu inspirés et trop longs, cassant le rythme d'ensemble - là où les films de Cameron se construisaient autour de courses-poursuites sans pitié et surtout, sans temps morts. Les pseudo-révélations tombent à plat parce qu'on sait déjà ce qui nous attend (avant même la première moitié du film) et une fois que l'on compris le mécanisme du récit, on laisse celui-ci se dérouler sans grand intérêt, y compris par les éléments réellement "nouveaux" qui s'intègrent sans charme à ce gloubi-boulga peu ragoûtant.
Et je pourrais encore aller loin tant ce nouveau chapitre cumule les ratés et les maladresses (quand il ne fait pas dans le j'm'en-foutisme total de son sujet).
Mais, néanmoins, il y a deux ou trois choses, comme je le disais plus haut, qu'on peut sauver du naufrage :
- Spoiler:
-Tout le tronçon 1984, qui tout effet de surprise passé (la BA était laaaargement basée sur des extraits de ces séquences), reste quand même l'un des passages les plus burnés et fidèles à l'esprit de la saga (remake, plagiat... qui a dit ça ces vilains mots ? lol). Et les rares nouvelles idées proposées lors de ce premier tiers ne sont pas les plus mauvaises. Il faut le souligner, même si l'énoncer ainsi est un peu pitoyable et à l'image du manque de substance du film...
-L'idée d'un T-800 arrivé plus tôt dans le passé et ayant quasi-elevé Sarah (dommage cependant que le scénar' ne travaille pas plus là-dessus, hormis quelques jokes relou d'un scharwzy en mode terminator-papa-poule).
-Quelques détails liés aux paradoxes temporels, notamment via un jeu de souvenirs en miroir entre Sarah et Kyle, rares moments réellement touchants et bien vus du film.
-Quelques rares idées de mise en scènes (la poursuite en bus, trop courte malheureusement et pas assez radicale...papa Cameron, lui, aurait pu en faire un véritable morceau d'anthologie).
-La fin ouverte, peut-être... ? parce que oui, même si cucul à souhait, on sait très bien que le futur est incertain, rempli de robots nazis et pas contents et que l'on peut toujours espérer voir arriver un vrai scénariste pour la suite lol
Et puis, oui, c'est pas trop mal filmé et on reste quand même dans l'univers Terminator.
Donc on peut toujours se consoler en gardant les bons cotés (quand même pas si nombreux lol) et en oubliant le reste. Le problème, c'est qu'ici les intentions du studio sont tellement évidentes et prennent tant le pas sur la partie "artistique" que le film peine lui-même à rester un film. Un vague objet filmique, pur produit de consommation hyper-calibré ; un gadget, quoi. On a plutôt l'impression de voir la carte visite en 3D de la Paramount venant chercher son chèque et annonçant sans surprise la suite du programme.
Une suite, pouvant certainement s'étendre à une nouvelle trilogie, qui si elle marche bien, pourrait à son tour donner naissance à de nouvelles préquelles, spin-off et autres conneries d'univers étendu...
--Splortch!--
Huumm...désolé lol mais voilà en gros ce que m'inspire tout ça.
Pas forcément ce spectacle décérébrant (mais pas si déplaisant au final) qu'est Terminator Genisys, mais la logique de production et de rentabilisation qui se cache derrière... et si tristement révélateurs de notre époque.
Et je suis sûr que je pourrais dire les mêmes choses quasiment mot à mot après avoir vu Jurassic World ou le dernier Tortues Ninja mdrr mon dieu, c'est si triste et prévisible !
Bref, en un mot comme cent, voilà : Terminator Genisys est un épisode un peu débilos et qui se croit malin, mais qui assure néanmoins le spectacle pendant 2h... à condition de ne pas avoir trop d'espérances et d'oublier que ce fut James Cameron qui initia la série, avec deux films ma foi, eux, toujours aussi recommandables et inspirés.
Mais si on sait où on met les pieds, bah ça se laisse voir sans réel déplaisir.
C'est déjà ça...