Pinocchio
Maude Royer
Synopsis :Une maison insalubre accumulant les jouets d’un vieux sculpteur alcoolique.
Un manipulateur vicieux trouvant l’extase dans le mensonge et la torture.
D’infâmes parents accusés d’un crime inimaginable, à qui on ne confierait même pas un chat.
Un vagabond ayant l’audace de croire qu’il peut servir de conscience à un être abject.
Un voeu, celui de se libérer du passé, qu’une mystérieuse femme aux cheveux bleus aurait le pouvoir d’exaucer.
Commentaire personnel :L‘histoire de Pinocchio n’est plus à décrire pour la plupart, les gens ayant en tête le film animé de Disney. Toutefois, la version originale est beaucoup plus sombre que le veut ce joyeux dessin-animé. Et c’est d’après cette version que Maude Royer a écrit ce conte interdit. Et croyez moi si je vous dit que ce conte est des plus glauque !
Comme c’est le cas de tous les contes interdits, ce récit décrit en peu de page une histoire d’horreur où se mêle le sexe et le sang. Les chapitres sont courts et l’écriture est sans fioritures, offrant une lecture rapide au lecteur qui n’aura de cesse de frémir devant la tonne de cruauté que renferme ce texte. Parce que de la cruauté, il y en a en masse… et il faut avoir le coeur bien accroché pour passer à travers ce roman !
L’histoire que nous relate ici Maude Royer est tout sauf reposante. Le personnage principal, ici un certain P. Nocchio, jeune homme de presque 18 ans, a clairement eu une vie mouvementée avant de tout oublier lors de son réveil dans un hôpital après sa tentative de suicide. Que s’est-il passé de si atroce pour que son cerveau fasse disparaitre tous ses souvenirs de la sorte ? Est-ce que sa vie d’avant expliquerait toutes ses déviances ? Pourquoi n’est-il pas normal ? Le lecteur le découvrira à petit feu dans des scènes des plus choquantes et déstabilisantes… et à ses propres risques !
L’écriture est tellement précise que le lecteur ne peut qu’avoir des images claires en tête. Des images qu’on ne voudrait pas avoir… oui, ce genre d’image-là. L’écriture est fluide agréable à lire malgré la difficulté que représente cette lecture. En peu de mots, l’auteur réussit à nous faire ressentir plusieurs émotions contradictoires. De l’envie au malaise, de la joie à la tristesse, de la peur à la terreur… et tout ça sur un fond de colère constante. Il faudrait être en bois pour ne pas ressentir toutes ces émotions, parce que le personnage principal est, disons-le, plutôt déstabilisé mentalement et très colérique. Il donne froid dans le dos.
Décidément, les contes interdits ne sont pas des lectures faciles. Et ce conte-ci ne fait clairement pas exception. Ce que vit P. Nocchio, et ce qu’il fait vivre lui-même à son entourage, demande au lecteur une résignation malsaine pour vouloir continuer sa lecture. Et pourtant, traitez moi de fou si ça vous chante, mais c’est en plein ce que je veux ressentir lorsque je lis ce genre de récit. Ça fait mal parfois, mais c’est terriblement efficace.
Bon, maintenant je ressens une envie folle de câliner mes enfants, de les couvrir d’amour et de leur jurer que je serai toujours là pour m’assurer de préserver leur innocence le plus longtemps possible !