"L'araignée fonça sur lui dans l'ombre des étendues sableuses, tricotant furieusement de ses pattes immenses. Son corps ressemblait à un oeuf gigantesque et luisant qui tremblait de toute sa masse noire tandis qu'elle chargeait à travers les monticules privés de vent, laissant dans son sillage des ruissellements de sable.
L'homme en resta paralysé. Il vit l'éclat lumineux des yeux de l'araignée. Il la regarda escalader une brindille de la taille d'un rondin, le corps haut perché sur ses pattes que le mouvement rendait floues, jusqu'à atteindre le niveau des épaules de l'homme."
Avis personnel :Après l'excellente impression que m'avait laissé "Je suis une légende" je me suis enfin décidée à lire cet autre ouvrage très connu de Matheson.
Tout d'abord, le négatif. Il n'y en a très peu à vrai dire et cela tient à l'explication scientifique quant à la cause du rétrécissement de Scott que j'ai trouvée vraiment très improbable. Mais bon, le thème du livre en lui-même étant tout aussi improbable, l'un dans l'autre, ça n'est pas dramatique.
Le roman se construit en deux histoires parallèles, l'une décrivant la vie de Scott dans la cave, et l'autre sous forme de souvenirs relatant le rétrécissement progressif de Scott depuis les premiers jours.
Ces deux aspects sont traités avec beaucoup de talents par l'auteur.
La vie de Scott dans la cave prend les allures d'une lutte de chaque instant au sein d'un monde hostile et dangereux. De simples besoins comme manger et boire deviennent question de vie ou de mort quand il faut louvoyer toute une journée, exposé, démuni pour et récolter quelques miettes, une ou deux gouttelettes et une pleine moisson de bleus, bosses et plaies en tout genre.
Dans le même temps, la partie qui décrit le rétrécissement de Scott est plus centré sur la psychologie, sur les sentiments et les tourments intérieurs de cet homme qui voit sa vie lui échapper pan par pan.
Et pendant toute ma lecture, je me demandais vraiment pourquoi cet homme qui se voit peu à peu retirer du monde qu'il connaissait, qui paraît n'avoir plus aucun espoir, plus aucune raison de vivre lutte pourtant avec tant d'acharnement pour juste rester en vie jour après jours dans cette cave obscure qui est devenue sa prison. La réponse de l'auteur à cette interrogation se fait attendre jusqu'à la toute dernière page, et il semblerait que Matheson a apparemment un faible pour les fins douces amères.