Présentation :Ann Radcliffe publie en 1794 The Mysteries of Udolpho. Les romantiques anglais, et les Victoriens, lui ont voué un culte. En France, Balzac, Hugo, Nodier, Féval, Sue, se souvinrent d'elle. On ignore ce qui a pu pousser cette petite bourgeoise à la vie ordinaire à raconter des histoires terrifiantes, qu'on appelle « gothiques » en Angleterre et « noires » en France parce qu'elles cherchent à provoquer la crainte chez les lecteurs.
Émilie explore le château mystérieux, chandelle à la main, à minuit. La menace (surnaturelle?) est partout présente. Les séquestrations, les tortures ne sont pas loin. Quel est le dessein du maître des lieux? Quels sentiments éprouve la jeune fille pour son tuteur et geôlier? Qui épousera-t-elle, après cette quête de soi à travers les corridors du château, qui ressemblent à ceux de l'inconscient? Ce n'est pas pour rien qu'un chapitre porte en épigraphe ces mots de Shakespeare: « Je pourrais te dire une histoire dont le moindre mot te déchirerait le cœur. »
Mon avis :Ça y est, j’ai enfin réussi à terminer ce pavé !
J’ai été surprise par cette histoire car je m’en étais faite une idée fausse. Oui, je pensais naïvement avoir le droit à une histoire terrifiante. Mais non.
La quatrième de couverture peut tromper le lecteur car ce qui est vanté n’est vrai que pour une partie de l’histoire seulement, celle où Emilie et sa tante se font séquestrer dans le mystérieux Château d’Udolphe. Oui, certains faits étranges ne peuvent que nous pousser à croire aux esprits qui hanteraient le château : des portes qui s’ouvrent et qui se ferment comme par enchantement, un tableau caché par un voile qui crée l’effroi de la pauvre héroïne, des gémissements, des apparitions et disparitions à gogo… Mais ces mystères qui entourent le château d’Udolphe trouvent des explications logiques, très terre à terre. Un peu finalement comme à la façon d’un Hercule Poirot qui expliquerait un crime insoluble. Je ne peux pas vous cacher que j’ai été déçue par ces révélations car j’étais persuadée faire face à des esprits. Ou en tout cas, je pensais que l’auteur nous laisserait le bénéfice du doute comme je me l’imaginais après avoir lu la quatrième de couverture … Passée la désillusion, je me suis fermement ennuyée puisqu'Ann Radcliffe n’abandonne pas ses effets pour effrayer le lecteur. Et comme on ne peut plus croire aux histoires de revenants, l’histoire m’a paru très fade.
De plus, l’intrigue de ce roman est tellement riche et complexe que l'on a l’impression que l’auteur digresse sans fin sur d’autres histoires qui ont l’air n’avoir aucun rapport avec le réel sujet du roman : l’histoire d’amour entre Valancourt et Emilie. Et oui ! Le château d’Udolphe n’est pas le sujet principal du récit comme on pouvait se l’imaginer. Là aussi le titre est trompeur. Bref, j’ai failli refermer ce bouquin sans vergogne. Seulement, il me restait un peu plus de 200 pages à lire et je pensais que c’était un peu bête de ne pas aller jusqu’au bout…
Et finalement, quelle surprise ! J’ai été bluffé par la fin car j’ai réellement compris où voulait en venir l’auteur. Les pièces du puzzle disséminées un peu partout dans l’œuvre se rassemblent et nous dressent le tableau complet de cette histoire mystérieuse.
Après avoir refermé le bouquin, j’ai eu le sentiment d’avoir lu un grand roman et je suis vraiment contente de ne pas avoir abandonné en cours de route. Mais il a vraiment fallu que je me fasse violence pour y arriver.
Pour information, il existe une version allégée de
Les Mystères d'Udolphe. Je suis un peu perplexe sur la façon dont cela était fait, j’ai du mal à imaginer un tel roman tronqué. Mais cette version doit être utile lorsque l’on veut s’épargner une lecture fastidieuse comme la mienne.