Steve Initié
Messages : 1810 Date d'inscription : 02/09/2009 Age : 42 Localisation : Briançon
| Sujet: Stephen King - Coeurs Perdus en Atlantide Dim 15 Déc - 14:09 | |
| Synopsis : 1960 : Enfant triste et rêveur, entre un père disparu et une mère en proie à des soucis d'argent, Bobby fait la connaissance d'un étrange voisin, qui se dit traqué par de mystérieuses crapules en manteau jaune. 1966 : A l'université, Pete mène joyeuse vie entre la musique, la contestation et les parties de cartes, sur fond de guerre au Vietnam. 1983 : Willie, vétéran de la guerre, gagne sa vie en jouant les aveugles, une cécité qui est aussi une forme de provocation. Des destins différents qui se croisent autour d'une femme, Carol. Tous l'ont aimée. Bobby la retrouvera. L'Atlantide ? C'est l'Amérique de leur jeunesse, au long de ces sixties devenues légendaires mais qui, nous rappelle l'auteur, ont bel et bien existé... C'est un Stephen King inédit qu'on découvre dans ce roman-fresque. Un King dont les thèmes d'élection - l'enfance, la malédiction, la peur - entrent ici en résonance avec toute une époque.Avis personnel :En cherchant le sujet du livre, j'ai vu qu'il n'en existait pas encore, alors je m'en vais de ce pas réparer ce tort ! Bon, déjà pour commencer : j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette cuvée 1999 de SK Je viens de le finir et comme d'habitude, SK m'a touché en plein cœur. Je devrais même plus en être surpris et pourtant, il y a des passages qui m'ont fait vibrer comme rarement (la fin de la seconde partie, par exemple). Ce que j'ai adoré dans ce roman, c'est l'approche comportementale vis-à-vis des personnages, mais aussi la toile de fond de l'enfance, du Vietnam et ses traumatismes, sur la façon dont les actions (ou les inactions) de chacun ont pu influer sur la vie de tous. Si on peut bien parler de roman dans le fond, la forme m'a pas mal rappelé Différentes Saisons, avec ce fil rouge ténu reliant toutes les histoires les unes aux autres. On pourra aussi parler du fil rouge du temps qui passe et des saisons, qui là aussi rappelle le recueil de novellas - la partie 1960 se déroule à la fin du printemps/début de l'été, la partie 1966 prend place en plein automne, la 3e histoire avec Willie prend Noël comme décor, pour à nouveau nous retrouver au printemps en 1999. Ce détail n'est pas anodin, car l'auteur y dévoile réellement des talents de conteur et de naturaliste à la fois, brossant des portraits dont les détails se dévoilent dans le murmure d'une brise ou la fraîcheur d'une averse... Chapeau bas mister King, parce que certains passages m'ont vraiment foutu le frisson ! Enfin, on pourra aussi relier les deux oeuvres sur l'aspect intimiste et relationnel, les deux étant (quasi) exemptes chacune d'éléments fantastiques. Et pourtant, pas une seule fois en tournant les pages, je n'ai ressenti de "manque" de ce coté-là. Quand un écrivain est bon, peu importe le genre dans lequel il officie, du moment que sa plume nous fait vibrer, nous apporte de l'émotion. - Spoiler:
Et toujours pour rester sur Différentes Saisons, je repense ici à la relation tordue entre Willie l'Aveugle et le flic Wheelock, qui le harcèle et lui soutire constamment des pots-de-vin. Ca m'a évoqué, de façon un peu détournée mais pas si lointaine, la relation entre Todd et Dussander dans Différentes Saison (Un Elève Doué).
Bref ! Ceci dit, si Coeurs Perdus est aussi bon, c'est aussi parce qu'il existe en lui-même et au travers de personnages et d'histoires très fortes, touchantes. Pour ce qui est des rapports avec la TS, j'avoue que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire Crapules de Bas Etage en Manteaux Jaunes, mais pas forcément à cause de ces liens. C'est sûr, ça apporte de la valeur ajoutée, mais effectivement ce n'est qu'un petit bonus "en plus" : l'histoire se suffit en elle-même et ne pas avoir lu La Tour Sombre auparavant n'enlèvera pas du plaisir au lecteur, bien au contraire ! Ca nous permettra juste de plus nous concentrer sur le récit lui-même et ses personnages, où SK fait de vraies merveilles, en un peu plus de 300 pages. C'est peut-être là le seul bémol que j'émettrais : il est dommage que malgré les qualités évidentes des 2 premiers récits, les suivants ne soient pas plus longs et/ou approfondis. Pour le coup, ça m'aurait pas dérangé de lire un bloc de 800 ou 900 pages, si toutes les histoires avaient été mises sur un pied d'égalité. Mais au final, rien de très méchant et l'auteur a très bien su réussi à retranscrire la nostalgie de ces années-là, qui ont disparu à jamais, tel le continent englouti dont il est question. Une magnifique fresque, bouleversante et humaine - avec tout ce que cela implique de beauté et de noirceur - dont tous les liens entre époques et personnages n'apparaissent qu'à la fin, formant ainsi une oeuvre unique et passionnante. Et très personnelle pour l'auteur, cela se sent et il le communique très bien, avec pudeur et violence à la fois. Un Grand Stephen King, donc, qui restera longtemps dans mes souvenirs de lecteur | |
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