Isaac Asimov, né vers le 2 janvier 1920 à Petrovitchi en Russie et décédé le 6 avril 1992 à New York aux États-Unis, est un écrivain américain, naturalisé en 1928, essentiellement connu pour ses œuvres de science-fiction et ses livres de vulgarisation scientifique.
Issu d’une famille juive aisée, fils de Judah Asimov, Isaac naquit à Petrovichi — près de Smolensk, en Russie — à une date inconnue, entre le 14 octobre 1919 et le 2 janvier 1920 (c’est à cette date-ci qu'il célébrait son anniversaire, adulte). Pour des raisons mal définies et sur invitation de Joseph Berman, demi-frère de la mère d’Asimov, ses parents et sa sœur cadette émigrèrent aux États-Unis au début de l’année 1923, lorsqu’il avait trois ans.
Il fut naturalisé américain en 1928. Élevé dans le quartier de Brooklyn, il apprit seul à lire à l’âge de cinq ans. Il passa sa jeunesse à travailler dans le magasin familial, où il eut l’occasion de lire les magazines de science-fiction que ses parents vendaient ; vers l’âge de onze ans, il commença à écrire ses premières nouvelles.
Ses études furent assez brillantes pour lui permettre d’entrer, grâce à une bourse, à l’université Columbia. Il passa d’abord son baccalauréat en sciences (1939) avant d’obtenir une maîtrise en chimie (1941) et, finalement, un doctorat en biochimie (1948). Après avoir obtenu son doctorat, il trouva un poste de chargé de cours à l’université de Boston. Entre temps, il participa à la Seconde Guerre mondiale. Au cours de sa brève carrière militaire, il fut nommé caporal et refusa de participer aux essais de la bombe atomique en 1946 à Bikini.
Parallèlement, il commença à écrire de la science-fiction et vit sa première nouvelle, Marooned Off Vesta (Au large de Vesta), publiée en 1939. John Campbell, alors rédacteur en chef de la revue Astounding Stories, n’aura de cesse d’encourager Asimov à écrire. Dès lors, il fut régulièrement publié et quinze nouvelles virent le jour jusqu’en 1941.
Il se maria avec Gertrude Blugerman le 26 juillet 1942. De ce premier mariage, il eut deux enfants, David en 1951 et Robyn Joan en 1955.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, Asimov était déjà considéré comme un auteur de science-fiction majeur. Son licenciement, en 1958, lui fit prendre un tournant dans sa carrière et il se consacra pleinement à l’écriture. Prolifique, il travailla sans relâche car — il le disait lui-même — c’est là qu’il prenait du plaisir.
Après la séparation avec sa femme en 1970 puis son divorce en 1973, il se maria avec Janet Opal Jeppson en 1973.
La suite de la vie d’Asimov est celle d’un auteur à succès, presque entièrement consacrée au travail d’écriture et aux conférences. Il fut un ami proche de Gene Roddenberry, le créateur de Star Trek.
Il mourut le 6 avril 1992 du SIDA, la cause du décès ayant été une insuffisance cardiaque et rénale suite à l’infection par le VIH. Asimov avait été infecté lors d’une transfusion sanguine pour un pontage aorto-coronarien en 1983. Cette information n’a été révélée qu’en 2002, dans une version de l’autobiographie de Asimov revue par Janet Asimov, sa veuve. Selon elle, Asimov avait souhaité rendre sa maladie publique, mais en aurait été dissuadé par ses médecins et par la crainte des préjugés dont sa famille aurait pu souffrir. Après son décès, la famille garda le silence notamment au vu des controverses autour de la maladie d’Arthur Ashe, et ce n’est qu’après le décès des médecins d’Asimov que Janet et la fille d’Asimov, Robyn, décidèrent de révéler la vérité.
Asimov laisse derrière lui des centaines de livres — dont 116 anthologies qu’il a organisées et préfacées —, regroupant de la science-fiction, des ouvrages de vulgarisation scientifique, des romans policiers, des romans pour la jeunesse et même des titres plus étonnants comme La Bible expliquée par Asimov ou Le Guide de Shakespeare d’Asimov.
Le dernier livre qu’il a écrit est une autobiographie plus thématique que chronologique : Moi, Asimov (I. Asimov, Denoël, col. Présences, 1996, ensuite reprise dans la collection Présence du Futur). C’est sans doute pour le lecteur assidu d’Asimov son livre le plus émouvant, le dernier chapitre étant écrit par sa seconde épouse, Janet Jeppson, alors que l’auteur était à l’agonie sur son lit d’hôpital.
Membre de l’association Mensa, il en a été un moment le vice-président (le président en étant alors un autre passionné du futur, le tout aussi visionnaire architecte Richard Buckminster Fuller). Isaac Asimov a plus tard quitté l’association. Il a été un membre éminent du mouvement sceptique contemporain.
On peut décrire Asimov comme quelqu'un ayant un ego très développé, mêlé d'un profond humanisme et d'un grand sens de l'humour, rendant l'expression de son ego plus amusante qu'énervante.
Bien que de tradition familiale juive — écrivant par jeu un poème sur lui-même, il fait rimer Asimov avec mazeltov —, il se démarque comme athée et se positionne également comme rationaliste. Voir en particulier sa nouvelle Reason dans le cycle des robots. La psychohistoire qui sert de fil conducteur à la série Fondation s'inspire d'ailleurs clairement de trois sources :
la cybernétique ; la psychanalyse ; le marxisme (par sa ressemblance avec la conception matérialiste de l'Histoire, méthode d'analyse de Karl Marx).
Le tout est mâtiné de la loi des grands nombres telle qu'on la concevait avant que Benoît Mandelbrot ne mette en évidence les formes fractales, même si le personnage du Mulet réintroduit opportunément un facteur humain important (voir effet papillon). Asimov est un individu aux connaissances variées et approfondies. Il fait partie de la liste des polymathes.
Son œuvre de fictionIsaac Asimov, en dehors d'une inventivité débordante, se caractérise par la simplicité de son écriture. Pour lui, comme pour la plupart des auteurs anglo-saxons, les styles tourmentés ne font que rebuter le lecteur. C'est donc l'histoire, et elle seule, qui est mise en avant. Il fonde ses livres sur des dialogues entre protagonistes.
C’est avec la nouvelle Quand les ténèbres viendront (Nightfall, 1941), écrite à 21 ans, que la carrière littéraire d’Asimov a véritablement débuté. Jusqu’ici il n’avait connu que des publications occasionnelles dans les magazines auxquels il proposait ses histoires. John Campbell fut si enthousiasmé par Quand les ténèbres viendront, qu’il envoya à son auteur un chèque plus important que prévu : 150 dollars, au lieu de 120. On payait à l’époque un cent par mot, et la nouvelle en compte 12 000... Quand les ténèbres viendront est très vite devenu un « classique » du genre.
Asimov a ensuite écrit de nombreuses autres nouvelles, policières (Mortelle est la nuit), humoristiques (À Port Mars sans Hilda, L'Amour, vous connaissez ?) et évidemment de science-fiction, notamment sur les robots (L'Homme bicentenaire). Il y met à l'épreuve l'esprit hypothético-déductif du lecteur et y montre la fantaisie dont il est capable (par exemple, dans Le Plaisantin). Dans l'une d'elle: Menteur !, Asimov invente un nouveau mot qui allait passer dans le langage courant: la robotique. Certaines, telles Profession ou La Dernière Question, ont une portée philosophique indéniable et d'autres, telles Le Petit Garçon très laid, sont très émouvantes.
Asimov a principalement traité deux grands thèmes : les robots et la psychohistoire.
Les robotsL'œuvre d'Asimov sur les robots regroupe de très nombreuses nouvelles et plusieurs romans :
Recueils de nouvelles :
I, Robot, 1950 (Les Robots)
The Rest of the Robots, 1964 (Un Défilé de robots)
Robot Dreams, 1986 (Le Robot qui rêvait)
Nous les robots, 1982
Romans :
The Caves of Steel, 1953 (Les Cavernes d'acier)
The Naked Sun, 1956 (Face aux feux du soleil)
Robots of Dawn, 1983 (Les Robots de l'aube)
Robots and Empire, 1985 (Les Robots et l'Empire)
L'ensemble forme une seule grande histoire, le cycle des Robots, qui s'étale sur plusieurs millénaires. Toutes les nouvelles de robotique publiées par l'auteur ont été regroupées dans deux grands recueils nommés Le grand livre des robots. Le premier tome — I. Prélude à Trantor — regroupe toutes les nouvelles de robotique — Nous les robots ainsi que Les Cavernes d'acier et Face aux feux du soleil. Le second tome — La Gloire de Trantor — regroupe Les Robots de l'Aube, Les Robots et l'Empire, Les Courants de l'espace, Poussières d'étoiles et enfin Cailloux dans le ciel.
Il renouvelle complètement ce thème en inventant des « robots positroniques » gouvernés par trois lois protégeant les êtres humains et, a priori, parfaites et inviolables. Le jeu d'Asimov consiste à imaginer des failles de ces lois (exemple : un robot peut-il, restant passif, laisser un humain fumer une cigarette ?) et des bizarreries de comportement de robots qui semblent les enfreindre, puis à faire découvrir au lecteur comment cela est possible à la manière d'une enquête policière.
Les trois lois sont :
Première Loi : « Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger. » ;
Deuxième Loi : « Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi. » ;
Troisième Loi : « Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'entre pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi. »
Deux robots exceptionnels, R. Daneel Olivaw et R. Giskard Reventlov, en viennent à ajouter une Loi Zéro, qui stipule qu'un robot ne peut porter atteinte à l'humanité dans son ensemble, même pour protéger un être humain : Un robot ne peut ni nuire à l'humanité ni, restant passif, permettre que l'humanité souffre d'un mal. Cette loi est apparue dans Les Robots et l'empire (chapitre LXIII).
Asimov laissa un de ses amis, Lester Del Rey, écrire lui aussi une histoire utilisant les trois lois de la robotique : Une Morale pour Sam. Cette histoire constitue une moquerie gentille sur la viabilité réelle des trois lois.
Le thème des robots, tel que traité par Asimov, constitue aussi un plaidoyer antiraciste discret, mais sûr : les robots, de plus en plus perfectionnés et dotés d'aspects de plus en plus humains, deviennent méprisés, voire haïs, par bien des êtres humains — d'autant que les trois lois les mettent à l'abri de défauts qu'on pourrait leur reprocher. L'Homme bicentenaire évoque cette question.
Le film I, Robot, sorti en juillet 2004, s'oppose complètement à l'esprit d'Asimov, qui pestait contre toutes les histoires de « créatures se rebellant contre leur créateur », depuis le Golem jusqu'à Karel Čapek en passant par Mary Shelley, avant qu'il ne change la tendance.
La psychohistoire et le Cycle de FondationDans le Cycle de Fondation (qui a reçu, en 1966, le prix Hugo de « la meilleure série de tous les temps »), Asimov imagine le futur de l'humanité. Il commence avec l'effondrement d'un empire galactique qui se décompose. Un savant, Hari Seldon, invente une nouvelle science, la psychohistoire, basée sur la loi des grands nombres et le calcul des probabilités qui permet de « prévoir l'avenir », ou, plus exactement, de calculer les probabilités de différents avenirs.
Le scénario est d'autant plus aisément assimilé par le lecteur qu'il lui rappelle des repères connus : l'émiettement du pouvoir des empires romain et ottoman d'une part en ce qui concerne l'empire de Trantor, l'ascension de personnalités charismatiques comme Alexandre le grand, Jules César ou Napoléon Bonaparte d'autre part en ce qui concerne le personnage du Mulet, qui manipule à ses propres fins les émotions de son entourage.
Le roman Fondation — le premier paru — forme le « cœur » du cycle et peut être lu isolément. En y ajoutant Fondation et Empire et Seconde Fondation, on obtient la trilogie de Fondation, qui constitue elle aussi une histoire à part entière. Cela correspond à l'ordre d'écriture des romans. D'autres romans, comme par exemple Prélude à Fondation et L'Aube de Fondation — chronologiquement situés avant — ou Fondation foudroyée et Terre et Fondation — chronologiquement situés après —, se sont par la suite greffés à la trilogie, pour constituer le Cycle de Fondation.
L'histoire du futur selon AsimovAprès avoir écrit ses deux grands cycles, l'éditeur d'Asimov lui a demandé pour son public de les relier pour construire une « histoire du futur » cohérente. Il a alors écrit des ouvrages intermédiaires pour faire le lien entre les deux cycles. L'ensemble final incluant les nouvelles est composé de dix-sept ouvrages que l'on peut subdiviser en cinq parties, ou cycles qui peuvent se lire séparément les uns des autres et qui sont ici classés par ordre chronologique. À cela on peut ajouter La Fin de l'éternité, roman à part, qui prend cependant sa place dans l'ensemble comme point de départ vers l'empire galactique.
The End of Eternity, 1955 (La Fin de l'éternité)
Les nouvelles sur les robots :
I, Robot, 1950 (Les Robots)
The Rest of the Robots, 1964 (Un Défilé de robots)
Robot Dreams, 1986 (Le Robot qui rêvait)
Le cycle d'Elijah Baley :
The Caves of Steel, 1953 (Les Cavernes d'acier)
The Naked Sun, 1956 (Face aux feux du soleil)
Robots of Dawn, 1983 (Les Robots de l'aube)
Robots and Empire, 1985 (Les Robots et l'Empire)
Le cycle de l'Empire :
The Currents of Space, 1952 (Les Courants de l'espace)
The Stars Like Dust, 1951 (Tyrann) ou Poussière d'étoiles
Pebble in the Sky, 1950 (Cailloux dans le ciel)
Le cycle de Fondation :
Prelude to Foundation, 1988 (Prélude à Fondation)
Forward the Foundation, 1992 (l'Aube de Fondation)
Foundation, 1951 (Fondation)
Foundation and Empire, 1952 (Fondation et Empire)
Second Foundation, 1953 (Seconde Fondation)
Foundation's Edge, 1982 (Fondation foudroyée)
Foundation and Earth, 1986 (Terre et Fondation)