Mike Noonan souffre depuis 4 ans de la panne de l'écrivain. A la suite de la mort de Johanna, sa femme, il a réussi à écrire un an sans problème et puis plus rien. Même le fait de s'approcher de l'ordinateur le rend malade. Une idée germe en lui : passer quelques temps loin de Derry lui redonnera peut-être l'inspiration. Après quelques jours de vacances, il se sent poussé à s'installer à Sara Laughs, leur maison de vacances près du Lac Dark Score.
Sa vie va être bouleversée dès son arrivée dans le village, dans ce TR isolé loin de tout. D'une part, il s'engage, sans le vouloir vraiment, dans une lutte sans merci contre Max Devory, un des personnages historiques du village et d'autre part, il va essayer de découvrir ce que lui a caché sa femme. Au fil des jours, Mike va s'apercevoir que tout ses problèmes ont un lien avec l'histoire du village et de sa maison.
Avis personnel :Excellent roman, malgré quelques réserves ceci dit.
En effet, celui-ci me faisait un peu miroiter monts et merveilles et au final, ne m'a pas touché en plein cœur dès les premières pages comme l'ont pu faire d'autres SK (genre Désolation ou Ca). On sent dans celui-ci le style déjà plus nuancé et moins direct, qu'il a essayé d'apporter à ses œuvres dans les années 90 et qui lui ont permis (peut-être) de toucher un autre public que ses œuvres de "jeunesse".
Une histoire de fantômes toute en nuances et en demi-teintes, qui s'offre tout de même d'énormes moments de flippe
- Spoiler:
la descente dans la cave avec les coups frappés (une fois pour oui, deux fois pour non), les sanglots ou hurlements fantomatiques dans Sara Laughs, les plots magnétiques sur le frigo, etc.
Ce qui m'a surtout beaucoup plu, c'est la façon dont King met en scène le décor : le lac Dark Score, la Rue et le TR, véritables entités et protagonistes du roman à part entière. Il prend vraiment soin de créer une atmosphère particulière, en s'attardant sur le décor et les sensations qu'on peut ressentir au milieu de ces paysages/localités à part...
Et sur ce plan-là, c'est vraiment réussi !
Au départ, je me disais, en lisant les premières pages "oh merde, encore un héros écrivain, encore Castle Rock et ses environs, le mec qui va s'enfermer au fin fond des bois dans sa cabane, on a déjà vu ça 100 fois !" Mais non, parce que l'auteur prend son temps pour réellement poser le décor et les choses, pour nous mettre dans la peau de Mike Noonan et de nous emmener avec lui, jusque dans ses fantasmes terrifiants. Et sa plume est ici plus poétique (j'ai trouvé) qu'à l'accoutumée, nous offrant des images - macabres ou non - de toute beauté pour décliner les choses sur une gamme très large d'émotions. Si bien que même lorsqu'il ne se passe pas grand-chose, on est pris quand même et on se laisse bercer, comme par une funeste petite comptine, qu'on aimerait pourtant écouter jusqu'au bout avant de s'endormir...
En dehors de ces qualités réelles, il y a aussi les "gimmicks" récurrents de King, qui m'ont parfois un peu ennuyé :
- Spoiler:
La jolie jeune femme dont s'éprend le héros de façon horriblement prévisible, certains traits familiers un peu forcés, comme si des gens qui ne s'étaient jamais rencontrés devenaient super potes en 2 ou 3 rencontres à peine, ce genre de petits détails qui font le charme comme le "moins bon" des romans de SK. Enfin, c'est mon ressenti personnel, après avoir lu une bonne moitié de ses romans sur une quinzaine d'années...
Pour autant, cela ne m'a pas empêché de rentrer dedans et les 150-100 dernières pages sont, comme à l'accoutumée, de véritables moments de bravoure et se dévorent avec délectation. En résumé, j'ai beaucoup aimé ce Sac d'Os, même si je n'ai pas vraiment pu l'apprécier à sa juste valeur et que j'ai été victime d'une mini-déception, suite à tout le bien qu'on m'en avait dit.
Mais pour sûr, un roman que je lirais et relirais certainement avec grand plaisir !
P.S: Et mention spéciale, encore une fois, au paysage du Dark Score et du TR, magnifiquement décrits et palpables : dès que je ferme les yeux, j'ai l'impression de m'y retrouver.
Chapeau mister King, ça faisait longtemps qu'un de ses "petits coins de paradis" ne m'avait pas autant envoûté !