Mon avis personnel concernant "
Ça":
Le chef-d'oeuvre incontesté du fantastique, de l'horreur et du gore, mais aussi une formidable hymne au courage et à l'amitié.
Pour moi, ces trois tomes de "
Ça" (de chez
J'ai lu) font partie de cette grande période de
Maître King: fin des années 80 jusqu'à la fin des années 90.
Durant laquelle, il a pondu ses meilleures oeuvres - celles qui mettent l'accent sur les personnages, leur passé, leurs faiblesses et leurs inexplicables terreurs.
Des livres qui font revivre l'histoire de petits villages américains où la réalité cède devant la folie ambiante, où le surnaturel fait irruption dans les scènes les plus anodines de la vie quotidienne.
Des villages au coeur desquels, le mal remonte à la surface sous une forme ou une autre, des villes qui entretiennent une véritable sauvagerie dans leurs entrailles.
Des endroits du monde, aux limites de la réalité qui abritent aussi une certaine forme de magie parmi leurs habitants.
Pour résumé la petite histoire (surtout pour ceux qui ne l'ont pas encore lu. Il y en a, c'est sûr et certain)
- Sept enfants de Derry: Bill le bègue, Ben appelé aussi "Meule de foin", Mike, le grand connaisseur de la ville et de son histoire, Richie Tozier le rigolo de service, surnommé "Richie la grande gueule", Stan Uris, Eddie et son fameux inhalateur et la seule et unique fille du groupe: Beverly, dont les garçons sont tous amoureux, deviennent amis durant l'été 1958, époque sombre qui voit cette petite communauté de Nouvelle-Angleterre, devenir la proie d'une vague série de meurtres atroces.
"Le Club des Ratés" (comme les enfants aiment se nommer) découvre rapidement que ces meurtres d'enfants sont l'oeuvre d'une créature monstrueuse qui peut prendre n'importe quelle forme et qu'ils se jurent de détruire par tous les moyens, mais "Ça", n'est pas leur seul ennemi.
Une bande de jeunes les poursuit inlassablement à travers les rues de la ville et apporte son propre lot de terreurs.
Ensemble, les "ratés" vont s'armer de courage pour faire front et tenter de survivre à cet été caniculaire dans les Friches mortes.Le titre est court mais non moins évocateur des ravages que "
Ça" va causer dans la ville de
Derry, dans le
Maine.
L'histoire démarre avec la mort du frère de Bill, Georgie, la première victime de Bob Gray le clown, en cet automne de 1957.
Elle se poursuit avec la rencontre de sept gosses que tout sépare mais que leurs différences vont justement rapprocher de manière imprévisible.
Ce pavé de plus de 1000 pages est un concentré d'action, d'horreur, de flash-back, de rigolade, de courses-poursuites à travers la ville pour échapper aux voyous, d'amitiés indissolubles, d'actes de courage irréels et de serments à la vie à la mort.
Une fois de plus, notre cher King souligne le racisme, l'hypocrisie, la violence familiale et la noirceur omniprésente derrière les façades proprettes des petites villes américaines.
A travers ces thèmes récurrents, la folie et l'indifférence qui sévissent dans le coeur des habitants, permettent à un clown terrifiant de perpétrer ses meurtres.
Opposé à la naïveté et à la puissance des croyances enfantines, la présence de Bob Gray démontre que l'enfance est un pays cruel et dangereux, dont les bouleversements passent souvent complètement au-dessus de la tête des adultes.
Face à l'apparition du mal absolu qui prend racine dans les égouts de la ville, les enfants de Derry n'ont à opposer que leur propre conception du monde tel qu'ils le perçoivent:
Un univers fragile à la périphérie de celui des adultes, où ils ont parfois l'impression d'être invisibles,
où s'incarnent leurs pires craintes mais aussi leurs rêves et leurs espoirs.
Stephen King a construit son récit autour de cette terrifiante réalité mais il démontre aussi que par ses convictions irrationnelles, un enfant devient le détenteur d'une formidable magie oubliée des adultes, et qu'il parvient à supporter ce qui détruirait la santé mentale de ses aînés.
L'auteur pousse le sadisme en ne permettant qu'aux enfants de Derry d'apercevoir l'horreur de "
Ça" et ses nombreux déguisements, là où leurs parents ne voient rien ou se contentent de détourner les yeux en haussant les épaules.
Car les enfants, eux, croient toujours aux monstres tapis sous leur lit, et cette certitude s'incarne dans des cauchemars innommables, dont le clown s'empare afin de les manipuler à sa guise.
Au travers de cycles de folie meurtrière qui surgissent tous les 27 ans, King mêle l'histoire et les anecdotes de la ville à un récit haletant qui se prolonge sur deux périodes à la fois: 1958 et 1985,
lorsque les sept gosses sont devenus adultes et doivent revenir affronter leurs pires cauchemars à Derry.
On prend peu à peu conscience de la situation de Derry, régulièrement touchée par des vagues d'une rare violence au fil des siècles:
Disparitions de colons, assassinats multiples, actes de barbarie sortis de nulle part, que le monde semble ignorer et que ses propres habitants préfèrent oublier, situant la ville comme l'épicentre d'un déchaînement de forces néfastes.
Dans ce récit, le système de flash-back est encore une fois admirablement bien utilisé et permet de comprendre le cheminement des pensées des personnages.
L'alternance des points de vues et des époques, nous pousse à nous attacher à chacun et à mieux appréhender leurs choix.
Il jongle entre passé et présent, il évoque la nostalgie d'une époque révolue où les jeux se mêlaient aux terreurs insondables de l'enfance.
Et lorsque l'apothéose arrive en fin de récit, tout se met naturellement en place, permettant de dénouer les fils de l'intrigue et de recouper les indices disséminés tout au long de la lecture.
Pour résumé, je dirais que "
Ça", c'est le courage, l'espoir, le rêve, les copains, les premiers émois, la saveur de l'enfance avec ses coups durs et ses émerveillements, la magie, le pouvoir des certitudes à un âge où tout paraît possible.
Et c'est surtout LE livre de notre grand Stephen King qu'il faut avoir lu (au moins une fois dans sa vie !).
S'il ne devait en rester qu'un, ce serait celui-là.