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 Sangro Làgrima [nouvelle]

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Alanah
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Steve
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Steve
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MessageSujet: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeVen 18 Déc - 18:23

Ca faisait longtemps que je vous avais pas mis une de mes histoires, nan ?
Celle-ci a été écrite (encore une fois lol) pour un concours dont le thème était "ville-fantôme". Pas forcément un sujet dont je suis fan, mais j'aime bien frotter mon imagination aux challenges de toutes sortes ! Et autre défi, j'ai essayé de faire un texte "court", vu que celui-ci ne fait QUE 12 pages ! Very Happy (oui, pour moi c'est très court lol).

Je n'ai plus qu'à vous souhaiter bonne lecture, si ça vous intéresse Wink
Ah, et dernière précision : "sangro làgrima" en espagnol signifie "larme de sang".

_______________________________

SANGRO LAGRIMA


Sur l'accotement légèrement en surplomb, il observait le paysage. Un panorama désertique teinté d'ocres brûlants et de vifs carmins. A ses cotés, le constable Ignacio Mendez suivait son regard, dans l'expectative.
-Alors, vous voyez quelque chose ? hasarda-t-il, dans son espagnol natal.
-Je vous jure, c'était là, juste hier ! répondit le journaliste, dans la même langue (l'accent et l'assurance en moins).
-Je ne demande qu'à vous croire, senior Lucas, mais je crois en savoir un peu plus sur la région que vous. Rappelez-vous que je suis né ici.
Ouais d'accord, ça c'est un putain d'argument, pensa l'autre.
-Désolé, mais Sangro Làgrima n'existe pas, continua le représentant de la loi.
Le silence accueillit cette dernière remarque, que seul le souffle aride rompit de son hululement. Mendez avait la posture stoïque d'un shérif de far-west, les mains de part et d'autre de sa ceinture, sa moustache en guidon voletant au vent. Il était petit, mais trapu, semblant taillé dans le même roc que les pierres de ces contrées désolées. On l'avait, semble-t-il, crée à partir du sol et du sable de la région : immuable et inébranlable. Il faut avouer que le sud de l'Espagne n'était pas non plus l'endroit le plus accueillant au monde.
-Une légende, rien de plus. Vous en avez la preuve sous les yeux, poursuivit-il en désignant la plaine sans fin devant ses yeux.
L'horizon parsemait ses infinies perspectives de roches, de végétation rase et de débris minéraux, mais il n'y avait nulle trace de vie humaine dans cette immensité. Aucune, sauf la ligne interrompue d'une route de terre qui s'arrêtait à un ou deux kilomètres en face d'eux. Quelques pancartes et flaques d'huile séchées attestaient de la présence d'un ancien chantier à cet endroit, mais il avait dû être abandonnée depuis des années.
Mendez se tourna vers son compagnon en se grattant l'arrière du crâne :
-Ce sont les restes d'une route qui devait relier Sorbas au reste du réseau, plus à l'ouest. C'est la ville la plus proche d'ici et elle est à vingt-huit kilomètres. Avec cette route, qui aurait plus ou moins rejoint celle où nous nous tenons maintenant, Sorbas aurait pu être beaucoup plus facilement accessible. Mais les ressources de la région étaient très pauvres à l'époque, et ils ont dû stopper net les travaux, il y a une trentaine d'année.
-Mais ça n'explique pas ce que j'ai vu, répondit l'autre, légèrement agacé. Je l'ai vu là, justement, là où se trouve cette foutue route ! Droit devant.
Il mima ses gestes avec tant de colère et d'exaspération à la fois que le constable en esquissa un petit sourire indulgent.
-Il est possible que vous ayez confondu avec Filomena, c'est de ce coté-là (il indiqua sa droite de la tranche de la main, de l'autre coté du léger canyon), plus loin encore que Sorbas, ça ressemble à la description que vous m'avez fait. Mais je vous le répète une fois pour toutes : Sangro Làgrima n'existe pas, c'est un vieux conte de culs-bénis.
-Humpf, fit son interlocuteur, visiblement contrarié.
-Peut-être avez vous eu une hallucination causée par la chaleur ? tenta-t-il, conciliant. Vous avez pas idée de ce que j'ai pu entendre dans mon bureau comme histoires, à propos de voyageurs perdus, qui ont vu ou cru voir des choses. Pour peu que vous soyez légèrement déshydraté...
-C'est bon, c'est bon, j'ai vu un mirage, c'est ça ! Je vais rentrer dans ma voiture, mettre la clim' et boire un bon coup avant de me reposer.
-C'est ça, acquiesça Mendez en sachant très bien que l'homme n'en ferait rien. Mais je peux aussi vous raccompagner en ville et vous offrir une bière, si vous voulez. Cette chaleur fait perdre les pédales, vous savez.
-Nan c'est bon, merci. Je vais faire une sieste et verrai ensuite quel itinéraire prendre pour me barrer d'ici au plus vite.
Pour avoir la conscience tranquille, le constable lui rappela le chemin et l'invita à une dernière halte à Aceldad avant de quitter la région. Puis, il souhaita une bonne après-midi à ce type sympathique mais un peu paumé. Il monta dans son véhicule – une antiquité jurassique mettant plusieurs minutes à démarrer – et salua l'homme d'un geste amical, en les contournant, lui et sa voiture.
Quelques secondes plus tard, le bruit du moteur n'était plus qu'une rumeur dans les gémissements fantomatiques du vent.
L'homme se tourna une nouvelle fois vers la plaine devant lui et essaya de percer de ses yeux inquisiteurs le voile occultant du désert. Il avait fait près de deux-mille kilomètres pour contempler de ces mêmes yeux les trésors qui se cachaient ici. Et il ne se laisserait pas rouler par un flic de campagne se jouant des touristes !
Il avait vu Sangro Làgrima et comptait bien la retrouver et en explorer tous les mystères...

*****


Mathieu Lucas-La Roche – nom à rallonge un peu pompeux à son goût – était journaliste pour des revues spécialisées et des guides de tourisme. Il se devait non seulement de référencer, noter et critiquer les hauts-lieux touristiques, mais aussi de les dénicher ; en cela son travail était bien plus ardu que la plupart de ses compères. Il l'exécutait cependant avec un infaillible talent, d'où sa réputation dans le milieu.
Chaque année, il ajoutait de nouvelles destinations à visiter, de nouveaux sites inédits dans les catalogues de ses employeurs. Car si les gens faisaient appel à lui, c'était surtout pour sa capacité à trouver des endroits sortant un peu des sentiers battus. En Suisse par exemple, il avait mis la main sur un complexe hôtelier souterrain, dont les piscines et autres bassins thermaux étaient creusés à même la pierre. En Micronésie, il avait découvert un temple abritant une statue d'une dizaine de mètres de hauteur, représentant un dieu en forme d'orang-outang et sculpté en bois massif. Au Colorado (dans un cadre assez similaire à l'Andalousie), il avait assisté à une foire aux serpents à sonnettes, exposant aussi bien les héros du jour par milliers que les produits fabriqués à partir de ceux-ci.
Il avait vu toutes sortes de choses et voyagé dans les endroits les plus étranges du globe, tel un explorateur de l'insolite. Et le meilleur là-dedans, c'est qu'on le payait pour ça !
En République Tchèque, à Kutna Hora, il visita l'une de ses plus incroyables destinations. Le lieu en soi était somptueux et macabre à la fois : la chapelle d'un ossuaire, que l'on avait décoré des milliers d'ossements qu'elle contenait ; construction d'une morbide et fabuleuse décadence. Les os formaient des arches, des fresques et même un lustre d'une richesse époustouflante, ensemble baroque et génial à la gloire de la mort.
C'est sous ce lustre même qu'il entendit parler pour la première fois de Sangro Làgrima. Le terme était sorti de la bouche d'un confrère autrichien.
-Une ville perdue au fin fond de l'Andalousie, paraît-il. Sauf que ce n'est pas un monument pour les morts, mais une église qui aurait ainsi été construite. Une église toute entière, faite d'os noircis qui la ferait ressembler à une antre démoniaque.
-Vraiment ? fit Mathieu. Mais pourquoi...
-... n'en avez-vous jamais entendu parler ? Parce qu'il s'agit d'une légende ! Allez au pays faire votre enquête et c'est ce que tout le monde vous dira. Mais fouillez aussi dans vos livres d'histoire, et vous verrez que les épidémies ont fait pas mal de morts là-bas, à la fin du XVIe siècle. Au niveau des ossements, ça colle. On m'a raconté beaucoup de choses à propos de Sangro Làgrima... et en ce qui me concerne, il y a un petit soupçon de je-ne-sais-quoi là-dedans qui me donne envie d'y croire.
Le journaliste accueillit ces paroles avec tout le scepticisme que le métier lui avait appris. Des histoires rapportées par des amis de lointaines connaissances, il en avait entendu lui aussi et il n'avait pas découvert de huitième merveille du monde pour autant.
-Et pourquoi vous me dites tout ça, au fait ? demanda-t-il en continuant de prendre des photos autour de lui. Vous l'avez trouvé, vous, Sangro Làgrima ? Vous y êtes allé ?
-Nan, mais j'ai lu vos guides et vous avez la réputation d'un homme déterminé. Alors je sais que s'il y a bien quelqu'un capable de retrouver cette foutue ville, c'est bien vous, Herr Lucas.
-OK. Et cette légende, elle raconte quelque chose d'autre ? Une indication un peu plus précise, peut-être ?
-Allez donc l'écouter sur place, si vous voulez en savoir plus ! lança l'autrichien en s'éloignant, un rictus mondain épinglé aux lèvres.
Mathieu fit mine de poursuivre son shooting comme si de rien n'était, mais la graine de la curiosité était déjà plantée. Dans ce métier, on apprenait rapidement à trier les informations des déchets. En l'occurrence, il avait la promesse d'un saphir enveloppé dans un emballage d'excréments.
Le lendemain, ses affaires étaient néanmoins prêtes pour le premier avion à destination de Grenade.

Avant même d'avoir posé le pied sur le sol espagnol, il avait déjà une vague idée de son futur lieu de recherches. En recoupant les informations sur le net – dur dur, même pour un fouineur chevronné comme lui – il avait réussi à situer sa zone d'investigation dans le sud-est du pays, dans un champ d'environ cent-cent cinquante kilomètres. Dans la province d'Almeria, exactement.
En arrivant là-bas, il trouva vite ce qui deviendrait son « pied-à-terre » dans ce no man's land : Aceldad.
Une petite bourgade andalouse typique, comptant moins de cinq cents âmes. Le genre de patelins avec sa cohorte de petits vieux, son bar miteux et ses fontaines à pompes – un monde où les termes « wi-fi » ou « lecteur mp3 » n'existent pas et n'existeront sans doute jamais. Le genre d'endroits où en laissant traîner ses oreilles, on pourrait peut-être entendre parler d'une église construite en os calcinés...
En général, il se fiait autant à son instinct qu'aux racontars. La meilleure technique restait encore la bonne vieille méthode de la bière gratis au premier comptoir venu. Ce qu'il mit en application en pénétrant dans le tripot d'Aceldad – qui aurait pu être un saloon un siècle auparavant –, juste après avoir déposé ses affaires à l'auberge attenante.
Un vieillard à la barbiche usée, assis seul à une table isolée, lui sembla une « proie » satisfaisante.
-Sangro Làgrima ? fit-il en réponse à une des questions de Mathieu, après un court échange de banalités.
Le jeune homme se contenta de hocher la tête d'un air faussement neutre.
-Tu dois déjà en avoir entendu parler pour venir me questionner, reprit le vieux, la voix colorée d'un accent rocailleux. Que veux-tu savoir au juste ? Tu veux que je te dises où elle est censée se trouver ?
Il ponctua sa tirade d'un éclat de rire qui tonna dans le bar comme un éboulement.
-Bien entendu, c'est une légende du folklore local qu'on se raconte dans les moments creux des soirées. Mais si tu veux la connaître telle quelle, alors tu ne trouveras pas meilleur conteur que moi. Tu veux l'entendre, p'tit gars ?
-Et comment !
Barbiche tapota du bout de l'ongle sa choppe de bière, d'un geste explicite. Il attendit en souriant que le journaliste passe la commande et ne rouvrit la bouche qu'après avoir vidé un tiers de sa nouvelle choppe.
Puis il prit un air affecté et commença son récit les yeux dans le vague, quelque part derrière les lambris usés du plafond.
-Dans la région, et plus particulièrement dans cette vallée d'Almeria, on dit que les mauvais esprits étaient nombreux. Je ne suis pas superstitieux guapo, mais les anciens l'étaient très certainement il y a plusieurs siècles, et je les comprends. Tu as entendu parler des Maures ?
Mathieu acquiesça silencieusement.
-Ils ont dû ramener ici, du temps des guerres, leurs croyances et leurs malédictions. C'est sûrement ce que se disaient nos aïeuls. Mais toujours est-il que l'on croyait, en ces temps-là, aux mauvais esprits. Et d'après ceux qui nous ont légué ces terres, ils étaient très forts et malfaisants par ici. Il se passait des tas de choses que l'on leur imputait : des femmes perdaient leurs enfants, des cadavres étaient retrouvés mutilés, sans explication, des manifestations étranges terrorisaient les habitants du matin au soir. Toutes sortes de malheurs qui rendaient la vie bien dure à ces gens, qui n'avaient déjà pas un quotidien facile. Alors un jour, on décida de chasser les esprits, ou de s'en protéger, si vous voulez...
Nouvelle lampée de bière, suivie d'un bref rot.
-On construisit avec les os des morts un... enfin, une espèce de « rempart » contre ces espiritos. L'idée vint d'un missionnaire, de passage dans le coin pour quelques semaines. Puisqu'il avait avec lui la bénédiction des cieux, il s'était dit qu'il pourrait construire une église et en faire une sainte forteresse contre les forces du mal. Avec les ossements, qu'il fit noircir dans un feu sanctifié, il pourrait alors effrayer les esprits eux-même. Une église faite avec des os humains, tu me diras, c'est p'tet pas très catholique, remarqua-t-il d'un ton égrillard, mais si ça pouvait ramener la paix là-bas, tout était bon à prendre ! Tu comprends ?
-Naturellement, rétorqua Mathieu, qui avait pourtant du mal à se faire à l'idée.
Des flashs de Kutna Hora lui revinrent en mémoire et il eut du mal à ne pas trouver l'ensemble un brin malsain. Mais après tout, il était athée et avait entendu des choses bien pires au fil de ses pérégrinations.
-On construisit donc l'édifice avec les os des morts au combat ou des épidémies - qui avaient décimé à l'époque de larges franges de population. Travail fastidieux et compliqué, mais qui porta ses fruits. Et plutôt rapidement, même. On dit que c'était bâti d'atroce façon, avec des angles et des pointes dans tous les sens, des croix en tibias décorées de vertèbres, des vitraux ornés de crânes polis. Quelques os auraient été trempés dans du sang frais. On raconte même que ce sang-là coulait de certains d'entre eux.. T'imagines un peu ? Ça devait être si horrible à voir que même les pires démons n'auraient osé s'en approcher. Dès lors, Sangro Làgrima retrouva son calme d'antan. Le souffle sec du désert rythma à nouveau les journées de sa cadence et les problèmes à résoudre revinrent à des notions plus terre-à-terre : l'eau, la nourriture, la bonne santé des hommes ou du bétail. Tout ce qui avait toujours fait la routine d'Almeria, en dehors de la guerre et des esprits. Seulement...
Barbiche fit à ce moment-là une pause théâtrale et prit une posture solennelle, les yeux grand ouverts. Il jeta un coup d'oeil par une des fenêtres, comme si le sujet de son histoire se trouvait là en-dehors. Puis, il poursuivit :
-Seulement, un jour le missionnaire mourut. Durant son séjour, il avait pris l'habitude de faire des promenades qui pouvaient durer des journées entières. Un matin, on retrouva son corps à moitié dévoré et tout désarticulé dans la rue centrale... juste en face de l'église. La main tendue en direction de la croix de façade ; peut-être pour maudire une dernière fois le Seigneur qu'il avait renié.
-Renié ?
-Eh oui ! Il a commis le péché de chair, plusieurs fois. La luxure et la débauche. Il avait l'alcool facile, disait-on. Au fond de son coeur, il possédait sûrement encore la foi, même avec tous ces vices... mais je crois que son séjour à Sangro l'a profondément déprimé. Toutes ces forces malveillantes ont dû le marquer et l'éloigner peu à peu des pas du Seigneur.
Il avait prononcé ces mots comme si lui-même se confessait. Cela ne l'empêcha pas de poursuivre, d'un léger ton de regret :
-Ainsi, on raconte qu'il s'est peu à peu détourné de l'Église et que même s'il officiait en son nom, le Tout-Puissant n'était plus derrière lui pour le guider. Notre missionnaire a trahi sa sainte mission, et tout ce qui s'ensuivit en a découlé logiquement.
-Et d'après la légende, qu'est-ce qui aurait causé cette mort ? relança son jeune interlocuteur, totalement pris par le récit.
-T'en pas une petite idée ? Pas la moindre... ? Je me demande si tu m'écoutes bien depuis tout à l'heure.
Un sourire énigmatique zébra les traits craquelés du visage du vieillard.
Ce vieux pochetron est en train de se payer ma gueule ! S'il croit que je me suis tapé deux mille bornes pour lui payer des bières, il va m'entendre...
Mais au lieu de s'échauffer, il rebrancha les câbles fumants de ses neurones les uns aux autres. Ils étaient momentanément passé du mode « attentif » à « cible verrouillée ».
-Les esprits ? lança-t-il, dubitatif.
Barbiche approuva d'un signe de tête. Il termina son geste en la renversant complètement, laissant un torrent de houblon liquide lui dévaler le gosier.
-On ne dit ni pourquoi ni comment dans la légende ; juste que les esprits l'ont foudroyé de leur haine. Peut-être que la protection de l'église n'était plus assez forte... peut-être la colère des âmes perdues était-elle supérieure à cette « barrière ». Toujours est-il qu'à partir de ce jour-là, Sangro a cessé d'exister. Les esprits l'ont littéralement dévoré de leur fureur, en voyant que ni Dieu, ni Ses faveurs ne pouvaient sauver les humains ou leurs villes de leur destinée... Sangro Làgrima, si elle a déjà figuré sur une carte, ne l'a plus jamais été à compter de cette date. Comme une poussière happée dans une tempête de sable.
Le vieil homme reporta ensuite son regard vers l'extérieur, ressentant peut-être le poids écrasant du désert autour de lui et l'infime possibilité qu'il puisse y avoir une part de vrai là-dedans. Mathieu se fit lui aussi songeur quelques instants, sans briser le silence.
Foutue histoire... une ville entière bouffée par une nuée de démons ? Même ce cinglé de Sam Raimi n'imaginerait jamais un truc comme ça.
Y avait-il une chance pour que cette légende n'en soit pas une ? Si des gens avaient créé la « rumeur » Sangro Làgrima et d'autres l'avaient relayé jusqu'à nos jours, c'est bien qu'il devait y avoir quelque chose, même en lisant entre les lignes...
-Blasphème !
Il sursauta si violemment qu'il faillit en renverser la table.
-P... pardon ? bafouilla-t-il à l'adresse du conteur éméché..
-Il a blasphémé en baisant des putains et en maudissant le Seigneur. Le missionnaire. C'est pour ça que l'église a cessé de les protéger. Pauvre fou, marmonna le vieil homme, le regard toujours au-delà des vitres, perdu au fond de quelconque abîme intérieur.
Cette fois-ci, il n'y avait aucune feinte, aucune ruse de comédien.
Puis, dans un chuchotement, tels des mots trop précieux pour être prononcés à l'emporte-pièce, il souffla :
-Depuis, seules les personnes à l'article de la mort peuvent entrevoir Sangro. L'ultime vision de l'agonisant, c'est cette ville qui n'existe plus.
Le journaliste se tourna vers Barbiche. Celui-ci, blême, se leva d'un seul mouvement, puis se dirigea en boitant vers la sortie, sans dire un mot.

*****


Partout où il recueillit des témoignages – que ce soit à Aceldad même, à Sorbas, ou Tabernas – on lui rapporta à peu près la même chose. Les habitants de la région voyaient Sangro Làgrima dans leur dernier souffle ou, variante intéressante, peu avant un grand malheur. Comme une promesse de désastres à venir. Les gamins disaient l'entr'apercevoir dans leurs cauchemars, après avoir commis des méfaits et les vieillards dans leurs grands moments de fatigue, quand ils tâtonnaient du pied dans le monde des esprits. Mais la mort était presque toujours un facteur récurrent dans toutes ces affirmations.
Ces demi-certitudes en main, il décida d'aller mener l'enquête sur le terrain. Que cette cité ou église digne d'une histoire d'horreur existe ou non, il n'y avait encore que la vérification in situ pour le déterminer. D'après tous ces indices, il avait une idée plus ou moins précise de sa localisation : un rayon d'une vingtaine de kilomètres à l'est entre Sorbas et Tabernas. Peut-être la ville se situait-elle dans le prolongement sud-est de cet axe, mais sa truffe entraînée de limier touristique l'amenait plutôt vers la première option.
Il se munit donc de cartes, de bouteilles d'eau fraîche et de son matériel ; et fonça dans le désert sud-espagnol. Moins de deux journées s'étaient écoulées depuis son arrivée et la ville perdue était déjà devenue une obsession dévorante.

Jeudi après-midi. Chaleur étouffante, sueur collante et sable dans les cheveux.
Il n'avait pourtant pas quitté son véhicule, mais la poussière de roche érodée s'infiltraient partout, même en roulant. A quelques occasions, il avait coupé le moteur pour observer plus attentivement certains sites, muni de ses jumelles, pour confirmer ou infirmer des impressions. Aucune ne s'était jusque-là avérée payante.
Puis, alors que la route toujours aussi morne continuait à défiler sous ses roues, il crut voir quelque chose scintiller. Nouvel arrêt sur le bas-coté. Il s'empara fébrilement des jumelles sur le siège passager et ajusta la focale d'un geste nerveux. La vaste plaine désertique qui s'étendait sous ses yeux était vaguement délimitée à gauche par des collines rocheuses et à droite par les reliefs d'un étroit canyon. Au milieu, un chemin de gravier ou de pavés – trop loin pour distinguer – serpentait dans le goulot naturel ainsi formé.
Et sur un de ses cotés, un petit champignon indistinct...
Une fois les jumelles réglées, il put alors contempler ce qu'il était venu chercher : une ville perdue au milieu du désert. Sur toute sa longueur, une rue centrale la traversait et en son centre, un édifice sombre qu'il avait du mal à discerner.
-Wouhouuu !! Bordel de madre ! s'écria-t-il, hystérique.
Sangro Làgrima se tenait là, tranquille, à compter les années sous le soleil d'étuve espagnol.
Ça y est, je l'ai trouvé ! Barbiche et les autres vont en péter une durite !!
Hey, mais attends voir...

N'était-ce pas un peu trop facile ? Cette ville mythique, dont on vantait l'inaccessibilité et sa difficulté à pouvoir être retrouvée sur les cartes, ne lui était-elle justement pas apparue un peu trop facilement ? Soit ce bled pourri n'avait rien à voir, soit il allait bientôt croiser la faucheuse, à en croire la légende. En même temps, c'était perdu au milieu du désert ici ; certaines routes n'étaient même pas terminées ou goudronnées. Les squelettes d'animaux se desséchant au soleil étaient en ces lieux une réalité aussi prégnante que la chaleur ou la terre qui se craquelle sous les pieds... Dans un endroit comme celui-ci, il était facile de se perdre et de mourir. Pourquoi un village n'aurait-il pas pu s'y cacher à la vue des hommes pendant des siècles ?
L'adrénaline et l'excitation dopant ses mouvements, il remplit son sac à dos du strict minimum et s'extirpa de la voiture. Puis, il courut jusqu'au coffre et en sortit une mallette, dans laquelle il choisit les meilleurs filtres et objectifs pour son lourd appareil photo Pentax – lequel pendait déjà à son cou, retenu par une lanière.
Mais avant de s'élancer, il hésita un bref instant.
La route s'élevait en léger surplomb, par rapport à la vallée à ses pieds. Jetant un coup d'oeil vers le bas, il s'aperçut que l'escarpement rocheux sur lequel il se trouvait devait mesurer entre les quinze et vingt mètres de haut.
-Rien à fout' ! lança-t-il à son cerveau trop prudent, qui avait rapidement perdu le bras de fer contre son tempérament.
Il actionna la fermeture centralisée de son véhicule et enjamba la glissière de sécurité. Au sommet de l'escarpement, il jeta un nouveau coup d'oeil vers la ville, à un peu plus d'un kilomètre de là. Elle n'attendait que lui, le scintillement qu'elle lui avait lancé en guise de courtoise invitation.
Alors, s'accroupissant, puis tournant le dos à celle-ci, il se mit à tâtonner des mains et des pieds pour trouver les meilleures prises sur la pierre.

Moins d'une demi-heure plus tard, il posait le pied au sol, prêt à braver les dangers du désert andalou.
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Steve
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeVen 18 Déc - 18:29

-Saleté de chaleur, ça rigole pas ! Marmonna-t-il en s'essuyant le front de l'avant-bras.
On l'avait bien prévenu, mais au contraire de destinations plus exotiques où la mousson venait adoucir les températures, il n'y avait aucune échappatoire dans ce bout de désert européen. Ses réserves d'eau étaient à moitié épuisées, mais le crépuscule ne tarderait pas ; autant pour les degrés !
Mais ça veut dire aussi que t'auras plus de lumière pour prendre des photos, sombre crétin.
Il avait déjà vidé plusieurs pellicules à photographier la ville sous tous les angles, mais cela ne lui ne suffisait pas.
Après une marche éreintante de plus d'une heure – finalement, la distance était bien supérieure à un kilomètre – , il était arrivé là en fin d'après-midi. Il avait dans un premier temps fait un tour des lieux. La ville semblait conçue sur le modèle typique des villes de western : une rue centrale où s'alignaient les commerces et plusieurs artères perpendiculaires, plus étroites. On était cependant bien loin du mythe de l'Ouest, tout sonnait ici plus vieillot et misérable.
Et naturellement, pas un seul signe de vie. Si ce village avait été habité, c'était il y a des siècles de ça...
Mathieu avait ensuite arpenté l'axe central et l'avait shooté avidement, ne manquant aucun détail. Maisons délabrées, granges en ruines et auberges décapitées dessinaient la physionomie fantôme de Sangro Làgrima. Bien entendu, il s'était gardé le meilleur pour la fin, la pièce de résistance : l'église.
Celle-ci ressemblait assez bien aux descriptions qu'on lui en avait fait. Tout en angles et saillies pointues, rivalisant de menace et de puissance dans l'imbriquement de ces os innombrables, noirs comme les couloirs d'une nécropole. Une impression de force et de malaise se dégageait de l'édifice, même en plein soleil. Sur la façade, une croix gigantesque – assemblage habile de dizaines de fémurs et péronés – semblait monter la garde. Celle-ci impressionnait autant qu'elle effrayait, car si l'on en croyait la légende, elle suintait constamment de sang frais, pour mettre en déroute les mauvais esprits. Et à bien y regarder, Mathieu crut déceler une teinte plus sombre sur certaines parties... Auto-suggestion ? Peut-être, mais il ne put réprimer un frisson.
Une voix intérieure le pressa d'oublier ces considérations et de reprendre ses photos. Il ne lui restait pas plus d'une heure de lumière et il devrait ensuite reprendre la route.
Tout autour, les rayons du couchant coloraient les environs d'un or fabuleux. L'astre diurne vint alors se planter juste entre deux épines osseuses, celles-ci paraissant le sculpter et le modeler à sa guise.
-Magnifique... murmura le journaliste en faisant le point.
Il continua sa séance de clichés jusqu'à ce que la luminosité ne le lui permette plus. L'église de face, de coté, de trois-quart, en contre-plongée et sous les angles les plus improbables. Cette bâtisse l'inspirait davantage à chaque nouvelle photo et mentalement, il écrivait déjà l'article qui les accompagneraient. Plutôt que son guide habituel, il contacterait cette fois-ci peut-être la revue Merveilles Disparues, qui le connaissait bien et lui achetait généreusement ses reportages. Peu importe, il n'aurait que l'embarras du choix !
A un moment donné, alors qu'il se tenait à genoux dans une pose acrobatique, une forme sur le sol apparut à la lisière de son champ de vision. Il se retourna vivement, craignant un chien sauvage ou un charognard quelconque.
Mais après quelques secondes d'inspection, il ne trouva rien. Uniquement le vent lui soufflant ses particules de sable à la figure.
On t'avais prévenu que cette foutue chaleur pouvait te jouer des tours. C'est pas la première fois que tes yeux déconnent après une journée de boulot en plein soleil. Et puis, dans ce bled lugubre, l'imagination peut facilement s'envoler...
L'air perplexe, il reprit néanmoins son travail.
Sangro Làgrima ne lui avait pas encore livré tous ses secrets et il ne rebrousserait pas chemin tant qu'il ne l'aurait pas son dû. Et durant tout ce temps, l'air sec continuait à le fouetter, inlassablement, comme les flux et reflux de la marée érodent la pierre...

*****


Le journaliste ne prit même pas le temps de manger en rentrant à l'auberge, ce soir-là.
Il grimpa dans sa chambre façon ascenseur propulsé à la nitroglycérine. Il n'eut d'oeil ni pour les messages sur son cellulaire, ni pour quoi ce soit d'autre, hormis son appareil photo. A la hâte, il brancha les câbles correspondants sur son ordinateur et se jeta sur le logiciel de visionnage des photos.
Ce dossier ne comporte aucun élément.
Médusé, Mathieu fixait l'écran de son navigateur affichant le vide exaspérant de sa carte-mémoire. Il les avait pourtant bien prises, ces putains de photos !
Son hurlement, qui exprimait toute la rage et le dépit possible, résonna plusieurs minutes dans les couloirs de l'auberge.

Le lendemain, il voulut discuter avec Barbiche ou un des vieillards d'Aceldad, histoire de confronter son expérience avec la légende, mais il ne trouva personne. Probablement les piliers de bar du bled devaient-ils se réveiller en fin de matinée, après les excès alcoolisés de la veille. Le résultat était le même : personne à qui raconter sa virée en « terres inconnues ».
Alors, remâchant sa frustration, il alla trouver le constable du village.
Celui-ci le reçut avec toute la cordialité possible, mais son visage exprimait un léger sarcasme, ce qui n'échappa pas au journaliste.
Mais furieux, ce dernier ne voulait rien lâcher et tenta de persuader le constable Mendez de venir avec lui pour prouver ses dires. Qu'une forte chaleur ou un dérèglement magnétique ait effacé les photos, c'était plausible, mais il était certain en revanche que rien ne pouvait tromper ses propres yeux. Il avait admiré la ville mythique et sa sombre cathédrale ; cela, personne ne pouvait lui enlever ! Pas même un agent de la paix subtilement ironique.
De son coté, Mendez ne débordait pas d'enthousiasme, mais n'avait rien contre non plus. Voilà qui le sortirait un peu de son bureau et de cette routine journalière de mots croisés sous la brise monotone du climatiseur.
Sachant d'avance à quel résultat s'attendre, il prit néanmoins sa voiture de fonction et suivit le journaliste sur la piste de l'antique cité.

*****


Et voilà qui le ramenait, lui Mathieu, en cet infernal vendredi après-midi.
Il regardait le véhicule du constable s'éloigner dans un panache de fumée opaque. Durant le trajet, ils avaient parlé de tout et de rien, mais surtout pas de Sangro Làgrima, même si le journaliste en crevait d'envie. Il attendrait d'être arrivé à destination pour clouer le bec de Mendez, qui feignait royalement bien le détachement et la nonchalance.
Mais il n'y eut aucun spectacle, aucune révélation, aucune exclamation tonitruante.
Dix minutes plus tard, ce même homme l'avait quitté sur le bord de la route, insinuant qu'il était un touriste crédule. Et c'était peut-être ce qu'il était, non ? Un touriste qui avait entendu trop d'histoires et dont le cerveau en effervescence avait manipulé les yeux... Sinon, à quoi pouvait bien rimer tout ce cirque ?
Estùpido, tu crois vraiment que t'as pu découvrir en une journée un lieu légendaire que des siècles d'exploration n'ont pas réussi à localiser ?
-Bande de couillons, je ne suis ni fou ni crédule, jura-t-il entre ses dents. Si je l'ai vu une fois, je la retrouverai, cette putain de ville !
Il fit le tour de sa Golf, attrapa puis arrima son sac à dos, tout comme la veille. Ce dernier était beaucoup plus lourd et volumineux, cette fois-ci. En plus des bouteilles d'eau, jumelles et autre boussole, il contenait un appareil photo argentique – pour compléter celui qu'il avait autour du cou – , ainsi que plusieurs appareils jetables. Une caméra légère faisait également partie du paquetage : s'il y avait bien quelque chose à voir, à graver sur la pellicule ou à filmer, il ne manquerait de rien.
Ainsi, empruntant la même voie que le jour précédent, il agrippa la roche et débuta sa descente.
Son esprit était si excité qu'il en oublia presque le caractère périlleux de l'escapade. L'éboulement de roches sous ses pieds le lui rappela.
Rrrrooaach...
Un instant, il eut du mal à se rééquilibrer, tiré en arrière par le poids du sac. Puis, bandant ses muscles, il parvint à se maintenir et à se raccrocher à la paroi.
Bordel, comment je vendrai mes photos si ma cervelle se retrouve en bas au milieu des caillasses ?
Profitant de ce moment pour éclaircir ses idées et ses mouvements, il se ressaisit en songeant à tout ce qui l'avait amené ici. Ça n'avait pas été une partie de plaisir, mais il ne baisserait pas les bras ! Rasséréné par cette pensée, il poursuivit sa descente et franchit d'un bond les derniers mètres qui le séparaient du sol.
Sous la canicule, le désert espagnol lui faisait à nouveau face dans toute sa splendeur.
Face à lui, loin devant, se dessinait le tracé du chemin menant à la ville. Elle n'était pas visible pour l'instant, mais il sentait qu'il n'avait qu'à souffler sur le voile illusoire pour la voir apparaître ; tel un talisman enseveli sous une primitive couche de poussière.
« Sangro Làgrima round 2, me voilà ! »

Il marcha sans s'interrompre pendant plus d'une heure, sans rien trouver de plus intéressant que de la poussière et du sable.
Nulle bicoque abandonnée pour l'accueillir, nulle baraque écroulée pour jeter ses ombres séculaires sur lui. Aucune église de mort non plus, pas plus que de zombies accoutrés en conquistadores ou d'esprits haineux et éternellement voraces.
Pourtant, c'était bien là, il en était persuadé !
La veille, il avait noté des points de repères précis. Tel amas rocheux semblant former un seau renversé, tel fragment métallique pointant à travers le sol, etc – un décor plus martien que terrien, aurait-on crû. Mais le plus notable était ce petit canyon, qui lançait ses premières dénivellations à quelques centaines de mètres à peine. Des bouquets d'amarante végétaient à ses pieds, comme la toison pédestre de quelque hobbit ayant grandi trop vite.
Et si tu montais là-haut avec tes jumelles ? lança une petite voix dans son esprit. Sait-on jamais, peut-être que tu tournes autour comme un con depuis tout à l'heure...
Mais étaient-ce bien ses pensées ou le timbre gémissant du vent ?
Une vague accablante de chaleur le terrassa, à présent qu'il ne bougeait plus. Comme si toute sa fatigue et sa frustration s'étaient brusquement canalisées dans les rayons du soleil.
Mais en cet instant, rien n'aurait pu le détourner de son but : il retrouverait la ville coute que coute ! D'un pas lourd et trainant, il s'approcha de la masse rocheuse. Il sentait les cieux en fusion du désert au-dessus sa tête. Ce dernier lui ôtait, semblait-il, toute force et détermination. Malgré tout, il agrippa une saillie pierreuse et entreprit comme il le put l'ascension de la face extérieure du canyon.
Un geste fatigué après l'autre, de tractions en poussées laborieuses, Mathieu grimpait.
Ses mouvements étaient gourds et machinaux ; presque ceux d'un robot. A vrai dire, il ne voyait pas vraiment les rochers devant ses yeux, ni les mains qui les saisissaient. Dans sa tête se mêlaient souvenirs et fantasmes, images vues et visions oniriques en un prisme désordonné et extravagant à la fois.
Un regard vers le haut ; soleil aveuglant, azur abyssal. Chaleur. Moiteur. Peau glissante...
Sangro Làgrima, au-dessus, en-dessous, dans le ciel, dans le sable. Sangro Làgrima et canyon se transformant en Everest. Lointain, inaccessible, sacré. Son voyage s'était peu à peu mué en une sorte de quête initiatique pour lui seul, âme païenne en recherche de vérité dans le puits insondable des croyances et des superstitions. Sangro Làgrima était-il son Saint Graal personnel ? Et là, juste sous sa paume, n'était-ce pas les contours d'un crâne de... ?
Mais la question resta en suspens dans la matrice bouillonnante de son cerveau. Sous ses doigts, une prise se déroba et les phalanges s'arrachèrent à la roche.
Il tomba lentement... bien trop lentement.
Devant ses yeux exorbités de panique et de douleur anticipée, il pouvait « admirer » les moindres anfractuosités de la pierre, la texture sèche et striée de celle-ci, les faméliques touffes herbeuses et sèches s'accrochant aux parois. Contrairement à ce lieu commun bien connu, il ne vit pas sa vie défiler en accéléré, mais plutôt ses derniers lambeaux se dérouler au ralenti. Il n'aurait pas cru qu'une telle chute puisse être aussi longue...
Finalement, le sol vint à sa rencontre, de façon atrocement plus abrupte qu'il n'aurait pu imaginer.
BRRROK.
Quasi-instantanément, un rugissement de damné éclata dans l'air immobile.
Dans son heureuse malchance, il n'avait pas réussi à parcourir plus d'une dizaine de mètres, sans quoi la chute aurait été mortelle. Souffrant le martyr mais toujours lucide, il put identifier un os pointant à travers son jean. Une abondante et poisseuse rivière de sang s'en écoulait. Il n'avait que de vagues notions anatomiques, mais suffisamment pour faire son propre diagnostic :
-Putain, murmura-t-il la mâchoire crispée. Suis sacrément mal barré.
Pourquoi, pourquoi, mais putain de pourquoi de merde, était-il venu ici tout seul ? Pourquoi n'avait-il pas conjuré au flic condescendant de le suivre ? Pourquoi n'avait-il pas pris un témoin ? Et pourquoi, bon Dieu de chiottes n'y avait-il pas de réseau dans un rayon de cinquante kilomètres ?
Après tout, la fièvre du désert s'était peut-être bien emparée de lui. Sinon, pourquoi aurait-il tenté cette stupide escalade ?
Il n'aurait pu choisir meilleur endroit pour avoir un pépin, perdu au milieu de rien. Il avait fait quelques recherches sur la région d'Almeria, avant d'y mettre les pieds. C'était ici qu'avaient été tournés bons nombres de westerns spaghettis ; Éden désertique aussi sauvage et grandiose qu'hostile. Sergio Leone et Clint Eastwood y avaient traîné leurs santiags et on dit que certains membres des équipes de tournage avaient eu fort à faire avec la faune locale. Cumulé aux climats magmatiques et à la sécheresse, ce coin pouvait être une bonne définition de l'Enfer sur terre, malgré sa beauté. Un homme blessé pouvait rejoindre la faucheuse en moins d'une heure, s'il croisait la route d'une meute de chiens sauvages, par exemple. Ici, les vautours et autres charognards ne faisaient pas uniquement office de décor pour films...
Mais quel trou du cul, quand même ! J'ai même pas de trousse de première urgence sur moi.
Soudain, quelque chose – un éclat, un mouvement, n'importe quoi – attira son attention, juste en face de lui. Il n'aurait su dire ce qui avait capté son regard ou si la douleur le faisait délirer, mais un déclic se produisit et ce qui n'était pas la seconde précédente fut.
Cela commença par les contours encore imprécis d'un moyeux de charrette abandonnée, comme si celle-ci prenait naissance en sortant lentement du sol. Puis, quelques mètres plus loin, des liserés vagues qui suggéraient des formes de toits... Ensuite vint l'esquisse des bâtiments qu'ils surmontaient. Tout cela apparaissait graduellement, de façon tout juste perceptible et comme en ondulant sous les chaleurs infernales. Mathieu n'avait jamais été témoin de mirages, mais c'est ainsi qu'il se les représentaient depuis toujours.
-Je t'ai retrouvé, murmura-t-il à la cité en train de se matérialiser sous ses yeux ébahis.
La douleur se fit quelques instants moins mordante, du moins son esprit ne focalisait-il plus dessus. Au jugé, il devait se trouvait environ à moins de deux cent mètres. Cent cinquante, peut-être. Renonçant à se confectionner une attèle de fortune, il préféra utiliser ses ultimes forces pour ramper jusqu'à l'apparition. Peut-être mourrait-il là, mais il ne partirait pas sans avoir contemplé Sangro Làgrima une dernière fois.
Alors, il se mit en position et se prépara à la traversée.
Chaque reptation lui arrachait un cri désespéré, mais il n'en poursuivait pas moins son avancée. Par moments, la douleur était si violente qu'il se sentait sur le point de s'évanouir. A d'autres, c'étaient d'atroces nausées qui lui mettaient l'estomac au bord des lèvres. Mais à chaque fois, le flot de bile lui remontait la gorge sans aller plus loin et il ne perdait pas connaissance. Un supplice en vagues exponentielles.
Eh, j'ai pas désinfecté ma plaie, et encore mieux : je la roule dans le sable et la poussière ! Mon toubib serait bien fier de moi, ah ah !
Avancer, avancer, l'importait était de ne pas s'arrêter. Malgré la fournaise sans fin dans laquelle il évoluait, malgré son corps meurtri, malgré son esprit perdant peu à peu toute cohérence. La seule pensée vaguement sensée dont il était capable était la même depuis le début de son escapade : Sangro, revoir Sangro Làgrima, Sangro Làgrima, etc.
Avancer, plus rien d'autre ne comptait...
Avancer.
Enfin, au bout d'un temps qu'il n'aurait pu déterminer, il arriva à destination.
Il déboucha cette fois-ci directement devant le sombre édifice d'ossements. Du sol, l'angle de vue rendait l'église plus impressionnante et menaçante que jamais.
-Ainsi c'est bien vrai, prononça le journaliste à voix haute, on voit bien Sangro Làgrima dans les derniers moments de notre vie...
Son état ne laissait plus aucun doute, la fatigue et les conditions climatiques extrêmes ne faisaient qu'accélérer les choses. Le trépas était proche.
Durant sa lente progression, il n'avait pas une seule fois lâché la ville du regard. Celle-ci était maintenant parfaitement « formée » et visible, aussi réelle aux yeux de Mathieu que les rapaces dans le ciel. Mué de stupeur devant la grâce mortuaire de la bâtisse, il hésitait entre appréhension et indifférence à son propre sort... Si les légendes étaient vraies, pourrait-il rencontrer les fameux « esprits » avant de rendre son dernier souffle ? Il n'était pas déraisonnable de croire que dans un lieu comme celui-ci...
Mais un mouvement furtif le tira de ses pensées de mourant.
Il obliqua rapidement la tête vers sa gauche.
Au début, il ne comprit pas vraiment ce qu'il voyait, mais à mesure que la forme évanescente se précisait, il réalisait progressivement les implications de cette vision.
-Seigneur...
La silhouette fantomatique qui gagnait en substance devant lui était celle d'un homme d'une trentaine d'années. A genoux dans une pose acrobatique, celui-ci prenait des photos. Subitement, il se retourna vers Mathieu allongé sur le sol, puis reprit son appareil d'un geste nerveux et agacé, comme s'il venait de chasser une mouche. Tournant lui-même son visage vers le sujet de photographie de son double-mirage, il admira une nouvelle fois l'église.
Bordel, c'était ça que j'ai « vu » hier... est-il possible que mon esprit ait pu « sentir » quelque chose ou ait voulu « m'avertir » d'un danger à venir ?
Il éclata alors de rire devant la funeste absurdité de la chose. Lui-même se voyant se regarder, dans une ville-fantôme cachée au fond du désert ! Et pourquoi pas un lézard géant faisant du surf sur un tank jaune fluo ?
La crise de rire se mua en sanglots.
Sa vue se brouilla légèrement – son lui-même de la veille n'était déjà plus visible. Le froid engourdit peu à peu ses membres... ce froid que ne réchaufferont jamais tous les degrés du désert.

Mathieu Lucas ferma les yeux, gagné par une intense fatigue, mais aussi une sensation d'apaisement si intense qu'il aurait aimé en profiter plus longtemps.
Quand il les rouvrit cependant, des visages se tenaient au-dessus lui. Les visages de tous les morts de Sangro Làgrima, le dévisageant comme le nouveau voisin qu'il allait bientôt devenir pour eux. Ils bougeaient les lèvres, mais aucun son n'en sortait. Leur apparence même était légèrement troublée ; hommes et femmes en sépia évoluant dans un décor aussi stérile que leur « existence ».
Toutefois, ils étaient si insistants dans leur discours muet que Mathieu fit un effort pour lire sur leurs lèvres :
« Les... entendez... vous ? Ils... arrivent... pour... vous... »
« Vous... avez... suivi... le... même... chemin... que... le... prêtre... l'orgueil... est... pêché... »
« Ils... vont... vous... emporter.. comme... cette... ville... »
A l'orée de la mort, le journaliste pâlit en saisissant les sens de ces paroles. Et effectivement, une rumeur stridente, sourde et emplie de haine pure, gagna peu à peu en intensité. Tandis que des nuées sombres commençaient à teinter les cieux de leur rage impie, son regard se tourna à nouveau vers l'église.
Le macabre édifice qui était le point de mire du village.
La croix de façade suintait de sang. Goutte à goutte crépusculaire semblant marquer le passage du temps. Bizarrement, cette image lui apportait un étrange réconfort, confinant à un sentiment d'achèvement et de sérénité. Dans un cadre comme celui-ci, avec cette hémoglobine perlant lentement des ossements, il aurait presque pu mourir l'esprit tranquille. Il aurait juste aimé pouvoir témoigner, partager son secret...
Ce fut la dernière image qu'imprimèrent ses rétines. L'instant d'après, son âme et son corps furent littéralement consumés par les esprits en furie.

Tel un hommage à cette vie détruite, une unique goutte écarlate vint s'écraser dans le sable... telle une larme.
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeLun 21 Déc - 11:45

Là tout de suite je n'ai pas le temps de me poser et de lire ça correctement, mais je me le réserve pour quand mon emploi du temps sera un peu calme. Wink
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeLun 21 Déc - 12:03

Personnellement, je l'ai lue en deux fois, au fur et à mesure de son avancée, et j'ai adoré. Le climat de cette nouvelle est vraiment bien rendu, chaleur torride et malsaine...
J'aime beaucoup être surprise aussi, les apparences sont parfois trompeuses, et même s'il reste des petites maladresses (je sais que tu as eu peu de temps pour la finir et presque pas pour la retravailler), j'ai passé un excellent moment à la lire! Very Happy
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeLun 21 Déc - 16:13

Merci ma doudoute, si ça continue on va t'accuser de favoritisme Rolling Eyes

Et no soucy scifi, cette histoire est bien à sa place et elle ne bougera plus lol alors lis-la quand ça te chante, tant que tu laisses un petit mot Wink
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeLun 21 Déc - 17:04

je n'ai pas tout lu parce que j'ai eu une migraine ophtalmique, donc je vais un peu lâcher le pc mais de ce que j'en ai lu, j'ai beaucoup aimé et tu as su créer une certaine atmosphère... j'aime beaucoup.
Seulement, il me semble que le sang en espagnol c'est sangre et pas sangro
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeMar 22 Déc - 16:39

Heureux que ce petit bout d'histoires t'aies plu, Alanah Wink
Et oui, il semble bien que j'ai commis une petite bourde dans ma traduction... mais c'est étrange, car j'ai essayé plusieurs sites de traduction qui m'ont donné la même réponse. Mais bon, vu que c'est pas la première fois qu'on me le dit, j'imagine qu'il y a effectivement un soucis. Je prendrais le temps de corriger ça un de ces jours.
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeJeu 24 Déc - 12:44

Oui moi aussi j'aime bien, c'est sympa !^^
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeDim 27 Déc - 18:18

Merci à toi, Sal Wink
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeMar 29 Déc - 22:44

J'avais gardé ça sous le coude et j'ai enfin eu le temps de lire ton histoire Steve! Very Happy
J'aime beaucoup, c'est bien ficelé, on est tenu en haleine de bout en bout, et l'ambiance que tu as créer nous plonge vraiment dedans. En te lisant, je me disais que ça ferais un très beau court-métrage! I love you I love you
Merci pour ce bon moment que tu m'as fait passer en tout cas!

PS: C'est les photos que tu nous as montré dans un autre topic qui t'ont inspirées...? Very Happy
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeMer 30 Déc - 19:59

Merci beaucoup pour ton commentaire, Anaëlle ! cheers
Je suis ravi que mon petit texte ait pu t'embarquer et que tu aies apprécié celui-ci. Et effectivement, Kutna Hora m'a pas mal inspiré. En fait, sur le thème de la ville fantôme, je cherchais une approche originale et surtout un lieu menaçant en soi qui sorte un peu des clichés. Pas un manoir hanté au milieu d'un village abandonné comme on en a vu des millions de fois... quelque chose d'assez effrayant visuellement. Et c'est à ce moment-là que je me suis souvenu de ce reportage que j'avais vu sur Kutna-Hora (genre je suis cultivé lol).

Heureux en tous cas que tu aies accroché sur cette histoire, et merci encore Wink
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeJeu 7 Jan - 17:01

Je viens de lire ta nouvelle. Elle se lit très bien et elle est bien écrite mais trop courte Razz

Un petit peu d'espagnol pour finir :
Sangro c'est la conjugaison du verbe sangrar (saigner) à la première personne du présent : (yo) sangro => (je) saigne. Sang se dit effectivement sangre. Une traduction plus correcte de "Larme de sang" serait "lágrimas de sangre" mais ça le fait carrément moins Wink
Peut-être que c'est une variante de l'espagnol "classique" que tu as trouvé ou une ancienne façon de le dire. Il y a tellement de langues en Espagne ou ayant pour base l'espagnol que tout est possible Smile
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeJeu 7 Jan - 17:31

Merci pour ta lecture et ton appréciation, tabula ! sunny
C'est marrant on me dit pas souvent que c'est "trop court", car habituellement je fais des pavés de 30 pages lol du coup, j'ai essayé de faire plus concis sur celui-ci. En tous cas, le fait que tu l'aies trouvé trop court à ton gout prouve bien que ça t'as plu et ça me fait le plus grand plaisir Sangro Làgrima [nouvelle] 677862

Pour le titre, on m'a dit aussi "lacrima" à la place "làgrima", je m'y perds un peu avec toutes ces traductions lol mais ce qui est sûr, c'est que je ne voulais pas de traduction littérale. Un village qui s'appelle Lacrima de Sangre, c'est laid et ça n'a pas bcp de sens. En Espagne ou au Portugal, on trouve bcp de noms de ville construits ainsi, sans mots de liaisons et avec les mots inversés... tu vois ce que je veux dire ?
Comme en Angleterre ou aux States, ils font parfois passer l'un avant l'autre, mais le sens est le même. Après c'est sûr qu'en France on a pas ce genre de constructions alors ça fait un peu bizarre et on cherche à traduire littéralement ; mais on peut l'écrire comme cela dans les langues ibériques.
Voilà pour la petite explication ! Sangro Làgrima [nouvelle] 619326

Mais je note bien : Sangre à la place de sangro et... lacrima ou lagrima, alors ?
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeJeu 7 Jan - 18:09

en espagnol c'est lagrima
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeJeu 7 Jan - 18:51

A y est, j'ai pu me poser et lire ça tranquillement. Enfin, tranquillement, c'est façon de parler avec le genre d'atmosphère que dégage ta nouvelle. What a Face Court mais efficace et ma foi fort bien ficelé !
Tu laisses des pistes quant au sort qui attend ce monsieur un peu trop curieux, mais j'avoue que le coup de la vision-prémonition, c'était une bonne surprise. Twisted Evil
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeVen 8 Jan - 17:36

Heureux que mon histoire t'aie plu, scifi ! flower
Pour la prémonition dont tu parles, ça m'est venu comme ça, en imaginant le personnage dans le cadre... je crois que ce détail-là en particulier me terroriserait bcp plus que la ville-fantome en soi ! Et oui, toi aussi t'as remarqué que c'était "court" lol on verra si j'arrive à synthétiser autant pour mes prochains textes !

Et pour "lagrima" c'est bien ce qui me semblait Alanah, merci de confirmer Wink
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeLun 11 Jan - 20:17

Yeah, je suis trop content : je viens d'apprendre finalement que je viens de remporter le concours pour lequel j'avais écrit cette nouvelle ! Very Happy (bon, on était que 5 participants en même temps lol mais c'est quand même super sympa, je trouve).
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeLun 11 Jan - 22:27

Félicitations Steve, j'ai pas lu les autres, mais je suis sure que c'est amplement mérité!! Sangro Làgrima [nouvelle] 619326 Sangro Làgrima [nouvelle] 619326
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeVen 22 Jan - 14:44

Félicitations ! Sangro Làgrima [nouvelle] 542692
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeVen 22 Jan - 16:36

Merci !! sunny
Ca fait fichtrement du bien au moral, mais là je vais mettre les concours un peu de coté pour me consacrer à mes histoires "originales", on se lasse assez vite des thèmes imposés quand même.
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitimeMar 11 Mai - 6:08

j avais dejà lu ta nouvelle sur le forum dont un lien m a amené ici et je l avais trouvé excellente Very Happy
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MessageSujet: Re: Sangro Làgrima [nouvelle]   Sangro Làgrima [nouvelle] Icon_minitime

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