Voici un texte que j'ai écrit pour un petit concours sur un forum. Contrairement à
l'année passée, je n'ai pas gagné mais je reste encore satisfait de mon texte même si j'avoue qu'il n'est pas sans faute. La raison est que je l'ai écrit et imaginé le plus gros de l'histoire en seulement 3 jours et du coup j'ai dû me précipiter. Le texte fait 7 pages (je n'ai jamais écrit autant) mais ça se lit encore assez rapidement. Je vous mettrai à la fin les consignes du concours
Bonne lecture ! J'espère que ça vous plaira ! N'hésitez surtout pas à venir commenter, même si vous n'avez pas aimé
Que faire de ce monde ?
Je me souviens de ce jour. Ce jour si particulier qui a bouleversé ma vie mais qui, paradoxalement, fut oublié pendant longtemps. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce ne fut pas mon engagement auprès des rebelles qui a changé ma vie mais un voyage.
C’était en septembre 167. J’habitais dans la campagne, heureux, innocent avec mes parents. Un jour, nous avons reçu une lettre qui m’était adressée. Il s’agissait de l’institut d’Earlenz qui annonçait mon admission dans les mois qui allaient suivre. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Je voyais ma mère en larmes et mon père avec un air grave. Mon père m’expliqua alors que je ne devais pas me rendre là-bas, que c’était l’enfer et que j’allais alors vivre chez oncle Jack. J’avais peur, je pleurais, je ne voulais pas quitter mes parents. Je n’avais que onze ans.
C’était la première fois que j’allais me rendre en ville seul mais je n’angoissais pas. Je savais exactement quel trajet suivre. Je pris le bus, descendis alors à l’arrêt prévu et attendis la correspondance pour la ville. J’avais environ dix minutes d’attente et ce fut alors que je l’ai vu, là, par terre, sur une touffe d’herbes. Un oiseau ! C’était si rare, je n’en avais encore jamais aperçu. Il était mignon, petit, brun et rond. J’ai par la suite appris qu’il s’agissait d’un moineau. Je me suis approché, il ne s’est pas enfui. Je l’ai pris dans mes mains et j’ai alors remarqué qu’il était blessé. Son aile gauche était amochée et d’un noir inhabituel. Je décidai de le prendre avec moi. C’était une chose incroyable qui m’arrivait, et bien plus que je ne l’imaginais à l’époque. Lorsque le bus arriva, j’entrai, toujours avec l’oiseau dans les mains. Personne ne fit attention à moi. Tout le monde était occupé à lire le journal ou discuter avec son voisin. J’arrivai sans encombre en ville. Je n’étais pas intéressé par ce qui m’entourait. Je fixais l’oiseau, touchais son plumage, soupesais son poids, appréciais sa chaleur. J’étais complètement charmé par ma découverte. Je pris enfin le métro qui allait m’amener chez mon oncle. Et ce fut là que tout bascula. Alors que j’étais tranquillement assis sur un siège, j’ai touché la blessure de l’oiseau sans le faire exprès et celui-ci sauta hors de mes mains. Tout le monde paniqua dans la voiture. Les femmes crièrent, les enfants pleurèrent, on hurlait partout qu’il y avait un oiseau dans le métro. Certaines personnes tentèrent alors d’écraser l’animal et après quelques tentatives un homme lui marcha dessus le tuant net. Je vis l’oiseau mort, aplati. On ne pouvait distinguer de sa tête que le bec qui se trouvait dans une position anormale. Ses plumes étaient éparpillées, on voyait sa chair et un filet de sang coulait de son corps. J’étais terrifié, paralysé, je ne comprenais rien. Je crois que le métro s’est arrêté et que des agents sont venus interroger des passagers. Je ne me souviens même plus comment je suis arrivé chez oncle Jack. Il a dû m’attendre au terminus pour m’amener chez lui, je ne sais pas. J’étais comme hypnotisé. Le lendemain je repris conscience, comme si un voile avait été levé. Je débitais à oncle Jack tout ce qui m’était arrivé. Il m’écouta attentivement.
- C’est incroyable ! me dit-il une fois que j’avais terminé. On n’a plus vu d’oiseaux ici depuis plus d’un siècle !
Il réfléchit un instant avant de parler dans un murmure, comme pour lui-même.
- C’est peut-être un présage.
- Mais pourquoi ont-ils fait ça ? Il n’a rien fait, il n’était pas méchant.
- Tu comprendras en temps utiles, me répondit-il.
Le calme d’oncle Jack me tranquillisa. C’était vraiment un homme bien. Il avait une grosse barbe, les cheveux roux, plus âgé que mon père et il a toujours été très gentil avec moi. Je le voyais deux à trois fois par année et ces rencontres avaient toujours été joyeuses. A chaque fois, il avait un cadeau pour moi. Ce jour-là il m’offrit une boîte de caramels. Les jours suivants, bien qu’oncle Jack s’occupait bien de moi, je ne pouvais pas oublier l’épisode de l’oiseau et la réaction des gens. C’était pour moi complètement absurde, incompréhensible. Et la vue de cet oiseau mort allait me marquer à jamais…du moins, c’est ce que je pensais. Car une nouvelle terrible est survenue quelques semaines plus tard. On nous appris que mes parents avaient été assassinés. J’ai piqué une crise. Impossible de décrire ce que je pouvais ressentir. C’était trop fort. Encore une fois, je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait. Je n’arrivais pas à accepter leur mort. Après m’être calmé, oncle Jack m’expliqua tout :
- Ecoute, je vais te dire pourquoi tes parents ont été tués. Ils sont mort pour toi parce qu’ils ont refusé que tu ailles à l’institut d’Earlenz. Cet endroit héberge tous les enfants âgés entre onze et dix-sept ans. Ils t’endoctrinent, te font croire des choses et te rendent naïfs et simplets. Tes parents tout comme moi sommes des rebelles et combattons le gouvernement pour la liberté. Fais en sorte qu’ils ne soient pas morts en vain. Aide-nous à changer le monde ! Venge-les !
Je ne compris pas toute la signification des paroles de mon oncle mais je ressentis cette puissance que décelait son discours et je sus qu’il était juste. Ce jour-là, je vouais une haine à ce gouvernement qui avait tué mes parents et je me suis juré que j’allais tout faire pour le renverser… mais ce fut aussi ce jour-là que j’ai oublié l’épisode de l’oiseau et son présage.
Janvier 168. Après qu’oncle Jack m’eut révélé le secret de mes parents, je voulus tout savoir sur les rebelles. Il me dit que j’allais entrer dans une école pour me former avec d’autres enfants de mon âge, eux-aussi des fils et filles de rebelles. J’avais hâte. Le mois suivant nous partîmes à la campagne. A notre arrivée, deux vélos nous attendaient. Nous avons parcouru plusieurs sentiers différents avant de quitter la piste. Je ne sais pas combien de temps le trajet a duré. Plus d’une heure, voire deux. Je commençais à fatiguer. Nous avons traversé des champs, une rivière et d’innombrables collines. Et enfin, arrivés à un sommet au milieu de nulle-part, je vis l’école des rebelles. Elle était immense et en bois. Le blason des rebelles, un aigle sur fond jaune, symbole de la liberté, était accroché à l’entrée. Oncle Jack resta une nuit avec moi, le lendemain il était déjà parti.
Nous étions une vingtaine dans mon groupe. Parmi mes camarades, je m’entendais particulièrement bien avec Jonathan. Lui aussi était avide de connaissance. Ensemble, nous suivions les cours attentivement mais nous nous sommes rapidement rendu compte que cela ne nous suffisait pas. Nous voulions en savoir plus, connaître l’histoire des rebelles, comprendre les actions du gouvernement. Il y avait une immense bibliothèque dans l’établissement et je ne compte pas le nombre d’heures que nous y avons passées Jon et moi. Alors que nos camarades jouaient à de nouveaux jeux pendant leur temps libre, nous nous précipitons à la bibliothèque et nous nous renseignions sur tous les sujets qui nous intéressaient. C’est ainsi que nous avons appris qu’avant notre ère, les dates étaient notées en fonction de la naissance de Jésus-Christ, qu’il y avait tout un monde dont nous ignorions l’existence. Alors Jon et moi nous nous sommes passionnés par l’histoire, la géographie, les religions, la politique, l’économie, la philosophie, les personnages célèbres, la musique, la poésie, les romans. J’ai appris que mon pays s’appelait autrefois l’empire britannique, que Dieu était le créateur du monde, qu’on pouvait travailler plus pour gagner davantage d’argent et que ce salaire nous permettait d’acheter n’importe quoi comme une voiture, une maison, une deuxième télévision ou encore un animal de compagnie. Je n’arrivai pas à croire que tout cela ait pu exister. C’était un autre univers, totalement nouveau. C’était le paradis. Je voulais que le monde soit comme il l’était avant. Je voulais que les gens puissent raisonner par eux-mêmes, prendre des décisions, avoir tout ce qu’ils désirent et devenir alors réellement
humain et non un corps sans esprit. C’est alors que je me suis demandé pourquoi ce monde si magnifique s’est achevé. Et j’ai alors découvert qu’un homme, David Stone, avait pu manipuler tout le monde. Il a réussi à prendre le pouvoir par le mensonge puis a décidé de dominer le monde par la force. C’est ainsi que le paradis se transforma en enfer. Il s’autoproclama empereur et désigna dans chaque pays un homme qui lui serait loyal. Il créa les fameux instituts d’endoctrinement où chaque enfant devait se rendre. On lui vouait un culte ainsi qu’à ses seconds. C’est alors qu’un homme a fait son apparition dans ces ténèbres et a redonné un espoir : Jim Gerton. C’est lui qui a unifié les différentes troupes rebelles partout dans le monde et a pu organiser nos forces. C’est aussi à cette époque-là que l’oiseau fut désigné comme symbole des rebelles. Jim Gerton était un homme sage, très intelligent, subtil, qui anticipait tous les coups du gouvernement. Sa citation favorite était « La patience est notre force. Si nous nous précipitons, tout sera perdu. ». Si les gens de la société vouaient un culte à leurs empereurs et à leurs présidents, moi, j’idolâtrais Jim Gerton. C’était mon exemple, mon sauveur, celui qui avait tout compris sur la vie et le fonctionnement du monde. S’il a vécu il y a plus de cent ans, ses discours étaient toujours d’actualité et je prenais ses conseils stratégiques et philosophiques à la lettre.
Lorsque nos professeurs ont vu à quel point nous étions avancés dans notre formation Jon et moi, ils nous ont avancé d’une classe. Nous étions en mai 168, c’était les vacances et je reçu ma première mission avec mes camarades. Il s’agissait en réalité d’un cours pratique pour lequel nous devions nous rendre en ville et discuter de manière innocente avec des gens. Cet exercice nous permettait de comprendre à quel point leur endoctrinement était grave. Nous nous faisions passer pour des élèves de l’institut de Sinclair, un établissement réputé pour son enseignement très étrange. C’était une couverture qui convenait parfaitement. Les gens étaient naïfs, incultes, têtus et incapables d’imaginer qu’on puisse penser autrement qu’eux. Ils ne disaient que du bien sur leur empereur et leur président, détestaient la nature et les animaux, vouaient une haine aux rebelles qui soi-disant voulaient détruire ce paradis. Ils ne s’intéressaient qu’à passer du bon temps, à jouer et s’amuser l’après-midi, une fois leur travail terminé. Ils ignoraient ce qu’étaient l’économie, la politique ou la religion. Leur vie était monotone, insignifiante, pauvre. Au début, j’étais en colère contre eux, contre leur stupidité et leur entêtement puis je commençai à ressentir de la pitié et de la tristesse. Ces gens-là n’étaient que les victimes du gouvernement, ils n’avaient pas leur destin en main et ne faisaient qu’obéir passivement à ce qu’on leur avait dicté lors de leur endoctrinement. A notre retour chez nous, nous devions raconter ce que nous avions vu et pensé. Je me rendis compte que peu de personnes partageaient mes pensées. Même Jon n’était pas d’accord avec moi. Ils ne voyaient que la surface des choses et haïssaient les gens de la société. Mes professeurs remarquèrent que mes opinions divergeaient des autres et le soir ils me convoquèrent. Alors que je m’attendais à des reproches, on me félicita d’avoir observé les choses au-delà des apparences. On m’annonça que j’allai entrer dans une nouvelle école de formation plus avancée. Mais vu mon jeune âge, il me faudra attendre deux ans. Entre temps, on me donna carte blanche. Durant cette période, on pouvait presque dire que je vivais à la bibliothèque. J’accompagnai quelque fois Jon dans ces cours ou parfois je suivais les leçons des élèves plus âgés. Cependant, c’étaient encore les livres qui m’en apprenaient le plus. Je regardais aussi de vieilles émissions qui dataient de l’ère précédente. Je me suis également intéressé à l’art, la culture. J’ai lu et été marqué par le chef d’œuvre de George Frenz. J’ai écouté des chansons parlant de guerres, un élément complètement inédit et absurde pour moi. Ces deux années ont été pleine d’impatience.
Finalement, en janvier 170, quelques camarades et moi partîmes en vélo pour cette nouvelle école. Jon ne vint pas. D’après ses professeurs, il n’était pas apte à saisir toute l’importance et l’étendue de notre combat et ceci même s’il avait une excellente connaissance de l’ère précédente. Après plusieurs heures de voyage en train et en vélo, nous arrivâmes à destination. La nouvelle école n’était visuellement pas différente de l’autre excepté son drapeau, représentant une main blanche sur laquelle était posé un oiseau brun. Cependant, lorsque je commençai à suivre les cours, je remarquai que l’ambiance était d’un tout autre ordre. Beaucoup plus sérieuse, plus grave, on n’y abordait plus les mêmes thèmes. Fini les découvertes sur l’ère précédente, fini l’histoire, la géographie, la philosophie et autres. Ici, nous nous concentrâmes sur l’avenir et la manière de renverser le pouvoir. J’ai passé deux ans à apprendre les différentes formes de communications qu’utilisent les rebelles, à analyser le système du gouvernement actuel et à réfléchir sur quel régime politique adopter une fois que nous serions au pouvoir.
Mars 172. Je venais d’avoir seize ans et je reçus une lettre inattendue de Jon. Je l’avais oublié, j’avais un peu honte. Mais ce que je prenais pour une carte d’anniversaire était un message urgent stipulant qu’il voulait me voir concernant oncle Jack. Je n’ai pas hésité une seconde, je suis parti le rencontrer. Dans la lettre, il m’expliquait précisément le lieu de rendez-vous. C’était une maison blanche qui datait de l’ère précédente et qui se situait proche de la ville de Lirpol. Pour ouvrir la porte, je devais taper le code de « perdre son temps ». Je savais ce qu’il entendait par là et si j’avais eu un doute sur l’émetteur de cette lettre, je n’avais alors plus rien à craindre. La première fois que j’ai réellement parler avec Jon, c’était en nous amusant à citer des expressions animalières et celle qui nous a fait le plus rire était « peigner la girafe ». Le voyage était long mais je n’ai pas vu le temps passer. J’étais soucieux de ce qu’il allait me dire. Je craignais pour la sécurité d’oncle Jack. Cela faisait plus de cinq ans que je ne l’avais pas revu mais on m’avait toujours dit qu’il se portait bien. Je m’étais demandé un temps pourquoi il ne m’avait jamais rendu visite et j’ai conclu qu’il devait avoir un grand rôle au sein des rebelles. Une fois arrivé à Lirpol, je pris un bus pour sortir de la ville. Il me restait alors à marcher cinq minutes avant de rejoindre le lieu de rendez-vous. J’étais perdu dans mes pensées et je ne fis pas attention au coup qui s’abattit sur ma tête.
Je me réveillai. J’étais couché sur un lit. J’ouvris les yeux. J’étais dans une petite pièce sombre où il n’y avait qu’une petite fente en guise de fenêtre. C’était la prison. Bizarrement, je ne me sentais pas désemparé ou paniqué. J’acceptai tranquillement mon sort. Je ne réfléchissais pas plus à ce qui allait m’arriver. On me donna à manger. La nourriture était satisfaisante, elle n’était pas mauvaise. Je n’attendis pas longtemps avant que deux hommes m’escortent vers une nouvelle pièce plus spacieuse et plus chaleureuse.
- Bonjour Perhan.
Je me tournai brusquement dans la direction de la voix. Je n’avais pas vu l’homme assis sur un fauteuil au coin de la cheminée. Il se leva et me fit signe de m’asseoir en face de lui. Moi, je l’avais reconnu et je n’avais qu’une envie : c’était de l’étrangler. Il s’agissait de Paul Berd, le président du pays, un des dix hommes les plus puissants du monde. Je me précipitai vers lui mais les deux gardes du corps m’en empêchèrent facilement. Ils me firent m’asseoir de force en face de Berd et ne s’éloignèrent pas de moi.
- Je vois que nous n’avons pas besoin de faire les présentations, me dit-il avec un sourire narquois.
Je ne répondis pas. J’étais en rage et Berd le savait bien. Son sourire s’effaça et il semblait attendre que je me sois calmé. Ma colère fit alors place à la perplexité sur ma venue dans ces lieux. Que me valait l’honneur de rencontrer un homme aussi important ?
- Pourquoi suis-je ici ?
- C’est une excellente question ! s’exclama Berd avec joie. Que fais-tu ici ? Et bien nous allons parler de ton cas.
Je ne comprenais pas bien.
- Pourquoi ?
- Parce que tu es une personne intéressante.
- Que voulez-vous savoir de moi ? demandai-je, perplexe.
- Dis-nous pourquoi t’es-tu rangé du côté des rebelles. Pourquoi es-tu attiré par leurs idéologies.
Je ris intérieurement. C’était évident.
- Parce que vous tuez ce que fait l’humain. Les gens ne pensent plus par eux-mêmes, ils font ce qu’on leur a dit de faire. Vous les limitez à des choses simples et banales. Ce n’est pas une vie.
- Tu te trompes Perhan, nous sauvons l’humanité. Tu as imaginé que l’ère précédente était un monde idéal et que nous l’avons détruit mais ce fut le contraire. L’humanité courrait droit à la catastrophe. Toi qui t’es tant renseigné sur cette époque, tu as lu et vu des choses qui allait dans cette direction mais tu n’y as pas attaché d’importance. Souviens-toi des émissions que tu as regardées de l’ère précédente. N’as-tu pas vu tous les problèmes qu’avaient les humains ? Les guerres, la pauvreté, le réchauffement climatique, la criminalité, la surexploitation des ressources naturelles. Tous ceci tu le sais et pourtant tu as fermé les yeux. C’est David Stone qui a sauvé non seulement l’humanité mais aussi la planète. Il a réuni les peuples pour que les guerres cessent, il a changé les habitudes des hommes pour que nous arrêtions d’utiliser excessivement les ressources naturelles, il a…
Je ne pouvais pas en écouter davantage.
- Comment pouvez-vous dire que cet homme à sauver quoi que ce soit ? Il a détruit ce qui consistait l’intérêt de la vie. Avant, chaque homme était différent, avec sa propre manière de penser. On pouvait vivre selon nos choix, on pouvait avoir tout ce qu’on désirait. Jim Gerton avait tout compris.
Berd secoua la tête. Ce n’était pas une négation comme si je venais de dire une absurdité mais plutôt un geste de tristesse.
- Là tu es en partie entrain de parler du capitalisme. On gagnait de l’argent et on pouvait s’acheter tout ce qu’on voulait. Mais c’est ce système qui conduisait l’humanité à sa perte en surexploitant toutes les ressources naturelles, entraînant la destruction de la nature, des arbres, des animaux, des eaux et donc de la Terre. Et ce système économique a un prix inévitable que tu as omis ou que tu n’as pas voulu dire : la pauvreté. C’est un élément que tu ignores, que tu ne connais pas parce que dans le monde où nous vivons nous l’avons éliminée. C’est une chose qui doit être impensable pour toi : le fait de ne pas avoir de la nourriture ni d’avoir de toit. Arrives-tu seulement à imaginer ça ?
C’était vrai. J’avais déjà vu ceci dans des vieilles émissions mais je n’avais jamais compris le concept d’être pauvre.
- Tu peux bien me répondre qu’il existe d’autres systèmes mais aucun ne fonctionne, continua Berd. La seule solution est la nôtre. Tu mentionne aussi que chaque homme avait sa propre façon de penser. Ça peut paraître un phénomène superbe mais au fond ceci crée des divergences, des conflits, des guerres. Comme pour la pauvreté tu ne connais pas ce terme. La guerre est la pire invention de l’homme. Voir des gens souffrir, mourir pour des raisons si absurdes que sont le pouvoir ou la croyance. C’est complètement ridicule.
Je ne savais pas quoi répondre. Cet élément m’avait rendu perplexe, elle était incompréhensible. Je commençai à me sentir mal à l’aise.
- Et enfin, tu as parlé de Jim Gerton, ton idole, le rebelle qui vous a tous uni.
Berd sourit tristement.
- C’est un leurre. Jim Gerton était de notre côté.
- Quoi !
- Nous savions qu’à un moment ou à un autre les rebelles allaient se regrouper et devenir une plus forte puissance. C’est pourquoi nous avons nous-mêmes pris la décision de créer cette ligue pour pouvoir la contrôler. Nous avons mis à votre tête Jim Gerton, un homme qui était à la base pressenti pour devenir l’empereur suivant.
- Je… je ne vous crois pas.
- C’est normal et je vais te le prouver.
Il alla chercher plusieurs documents du gouvernement qui mentionnaient Jim Gerton comme l’un des leurs. Je vis des photos avec Jim Gerton serrant la main de David Stone et d’autres hommes de pouvoir. Berd me montra par la suite plusieurs vidéos allant encore dans ce sens. Et celle qui me fit perdre tout espoir est une scène où je vis un vieux Jim Gerton recevoir une récompense du gouvernement pour son aide.
Je ne sais pas combien de temps je suis resté assis à ne plus rien penser, le regard vide. Peut-être une heure, je ne sais pas. Tout mon monde s’écroula. Je ne savais plus quoi croire, j’étais complètement perdu. Je vis tout à coup Berd entrer dans la salle. Je n’avais pas remarqué qu’il était sorti. Il s’assit en face de moi et me dit :
- Je sais par quelle phase tu es entrain de passer. Moi aussi j’ai été un rebelle et moi aussi j’ai été traumatisé par cette révélation.
Je le regardai sans rien dire. Il poussa un soupir.
- Maintenant écoute attentivement. Nous te connaissons depuis déjà plusieurs années. En fait, nous avons commencé à te surveiller le jour où tu es parti de chez toi. Nous avons deviné que tes parents ne pourraient pas te laisser aller à l’institut d‘Earlenz. Eux aussi étaient des rebelles qui nous ont par la suite rejoints. C’était des espions, des doubles espions de notre camp.
Je sombrai encore plus. Je n’en pouvais plus, je pleurai.
- Et mon oncle Jack ? demandai-je.
Berd rit joyeusement.
- Ne t’inquiète pas. Lui, c’est un pur rebelle. Il va bien, il doit se trouver aux alentours de Macster.
Ça m’a soulagé un peu mais il y avait une chose que je ne comprenais pas.
- Pourtant Jon…
- Nous y reviendrons, laisse moi finir, m’interrompit Berd. Nous avons choisi de ne pas interrompre ta formation et ne pas te forcer à aller dans un institut car nous savions que tu serais un élève très consciencieux, motivé par la vengeance et que tu irais très loin dans le groupe si nous ne t’en empêchions pas. Notre but était dès le début de te recruter auprès de nous une fois que tu aurais appris suffisamment de choses sur l’ère précédente. Nous faisons souvent ceci avec d’autres élèves en formation chez les rebelles. Seulement, nous n’avons pas prévu que tu entres si jeune dans une école supérieure et nous avons perdu ta piste. Nous avons cherché longtemps à te localiser mais c’était impossible malgré toutes les informations que nous avons sur les rebelles. C’est alors que nous avons recruté une autre personne comme je suis entrain de le faire avec toi et il se trouve qu’elle te connaissait.
- Jon ? demandai-je.
- Oui. Nous avons convaincu Jonathan que nos méthodes étaient justes et la meilleure pour le monde. Il a accepté de nous aider à te piéger et à t’attraper.
Je restai incrédule.
- Ne lui en veut pas. Je pense que nous t’aurions trouvé d’une façon ou d’une autre. Ce n’était qu’une question de temps.
Il resta silencieux un moment avant de continuer.
- Mais toi tu as un peut-être autre destin, plus important que n’importe quel recrût que nous ayons eu. Nous envisageons que tu sois notre prochain empereur. Et pas n’importe lequel. Tu seras celui qui déterminera l’avenir du monde car nous arrivons à une phase critique et il nous faudra faire un choix. Le but de David Stone était de stopper net toutes les actions destructrices que firent les hommes. Mais il ne souhaitait pas non plus que le monde reste indéfiniment sous le joug d’un gouvernement totalitaire et que les hommes soient naïfs et simplets. Il désirait que l’humanité puisse réfléchir à nouveau par elle-même sans toutefois faire les mêmes erreurs que nos ancêtres. Il disait qu’après deux siècles de notre règne, il faudra petit à petit modifier notre politique afin de libérer les hommes de leur prison mentale mais qu’entre-temps il fallait rester ferme. Seulement, voilà, en ce moment, plusieurs personnes qui sont dans le secret ne croient plus que cette idée soit bonne et applicable. Nous sommes en effet beaucoup à penser que pour préserver le monde il nous faudra non seulement continuer mais aussi être encore plus radical au point que le monde fonctionnerait sans que personne n’ait connaissance de l’existence de l’ancienne ère. Ça peut te paraître impensable de choisir cette voie mais tu verras que c’est peut-être la meilleure solution.
- Vous oubliez une chose. Je ne vais jamais devenir empereur. Si vos méthodes peuvent paraître justifiées, vous êtes méprisables. Vous avez tuez mes parents et ça je ne vous le pardonnerai jamais.
- Tes parents avaient pleinement conscience de leur choix. Ils savaient que tu devais te rendre à l’institut. Nous ne pouvons pas nous permettre que les gens échappent à notre contrôle et moins encore ceux qui connaissent le secret sur nos objectifs et nos faits. C’est pourquoi même les familles de l’empereur ou des présidents doivent rester dans l’ignorance. Nous ne sommes pas aussi nombreux que tu le crois. Et les personnes dans le secret qui ne souhaitent pas respecter la règle du silence et accepter que leurs proches vivent dans la naïveté sont punies.
Berd vit que je le regardais pleine de haine. Il fit une petite pause avant de reprendre et en me souriant.
- Toutefois, nous avons anticipé que tu ne voudrais pas nous rejoindre et nous aider si nous faisions du mal à ta famille. C’est pourquoi nous avons fait croire que tes parents avaient été tués.
Il claqua des mains et la porte s’ouvrit. C’était mes parents. Je couru à leur rencontre. Je les serrai dans les bras. Je ne pensai plus à Berd, à ces révélations et à ces méthodes. L’amour et les retrouvailles avec mes parents étaient la seule chose qui comptait.
Aujourd’hui, je suis empereur. Berd m’a convaincu que les procédures du gouvernement étaient nécessaires pour la sauvegarde de l’humanité et de la Terre. J’ai passé les différentes étapes pour atteindre le rang suprême. Depuis tout ce temps, j’ai pu repenser à ce jour. Ce jour si particulier qui a bouleversé ma vie mais qui, paradoxalement fut oublié pendant longtemps : l’épisode de l’oiseau. Oncle Jack avait raison. Il s’agissait bien d’un présage. L’oiseau ne pouvait pas voler, il était blessé à l’aile gauche. L’oiseau symbolisait les rebelles qui ne pouvaient pas libérer l’humanité de cette prison à cause de l’infiltration du gouvernement. J’ai pris l’oiseau dans les mains comme j’ai rejoint la formation supérieure des rebelles. L’oiseau était en sécurité avec moi comme j’étais en sécurité dans cette école. Et lorsque je touchais son aile gauche où se trouvait sa blessure, il s’échappa de mes mains et fut tué. C’est ce qu’il m’est arrivé. On m’a trahi, j’ai quitté l’école, je me suis fait attraper et on a tué mes idéologies de rébellions. Cet épisode avec l’oiseau représentait ma vie.
En ce moment, comme l’avait prédit Berd, je suis confronté à un choix qui va changer l’avenir du monde : rendre l’humanité encore plus fermée dans son petit monde pour préserver la Terre ou au contraire l’émanciper au risque que les hommes fassent les mêmes erreurs que ceux de l’ère précédente. Si vous lisez ce texte, c’est que j’aurai sûrement choisi la seconde possibilité. J’espère que vous prendrez un chemin différent que dans le passé. Mais je vous jure qu’en ce moment le choix n’est pas du tout évident. Que faire de ce monde ?
Le texte devait être de la science-fiction. Il y avait quatre sortes de thèmes à disposition (aucune n'était originale ><) et j'ai choisi celle-ci :
"Toutes les républiques sont tombées et la Terre est maintenant sous le joug d'un dictateur qui a mis un nouveau roi/président à la tête de chaque pays. A 11 ans chaque enfant doit être livré au roi/président pour commencer son endoctrinement. Vous refusez de vous rendre, décrivez-nous votre fuite."
Avec ce thème il y avait un autre élément obligatoire que je devais insérer : votre personnage devrait être accompagné d’un animal de compagnie, selon votre choix.
Je devais encore ajouter l'expression "peigner la girafe" et le récit devait faire entre 3-7 pages A4.
Voilà ^^