- lanfear a écrit:
Beaucoup d'action dans ce tome ! Les livres ne sont pas épais mais on a l'impression de lire une encyclopédie, tellement il se passe de choses ! Bref ce deuxième tome est passionnant et nous fait découvrir une autre partie du monde d'Elric.
Je suis d'accord : les romans (ou nouvelles) d'Elric sont très courts, mais ils sont très denses et riches en action. C'est valable sur celui-ci mais pas autant que d'autres, où on a presque l'impression de lire plusieurs romans condensés en moins de 200 pages. Ca change de certains auteurs fantasy qui mettent 500 pages à raconter ce que Moorcock ferait en une vingtaine lol
Sinon, j'ai beaucoup apprecié ce roman.
Ecrit près de trente ans après le cycle original, il nous raconte donc une aventure "de jeunesse" d'Elric, où ce dernier est plongé dans le Royaume des Songes. Concept excellent que ce monde des rêves découpé en 7 niveaux (un peu comme les différents niveaux de l'Enfer de Dante, qui est à mon avis une des inspirations de cette histoire), recensant tous les rêves - ou cauchemars -, folles ambitions et désirs inassouvis de l'être humain.
J'ai trouvé ce monde à la fois fascinant et dérangeant, conçu à la fois comme un paradis onirique (certains y errant dans la simple allégresse de s'y trouver mais ayant perdu tous souvenirs de leurs vies passées) et un purgatoire. Je trouve cet aspect très bien traité, comme cette idée d'energie psychique, obligeant l'albinos à trouver de nouvelles façons d'affronter les dangers se présentant à lui.
Et puis bien sûr, comme on est dans un roman de Moorcock, ce dernier ne se privera pas pour y glisser des reflexions sur la nature du pouvoir, le caractère vain et même dangereux de certains désirs ou l'influence du rêve sur la réalité et vice-versa. Avec cet auteur, l'aventure pure se mêle à la reflexion et pour ma part, je dois avouer que c'est un vrai bonheur
Et, cerise sur la gateau, puisqu'on est dans un roman d'Elric, on aura le droit à la fin, à un bon massacre en règle, Stormbringer à la main. Même si on est dépaysé tout le long du récit, certaines constantes ne changent pas !
On y trouve également un Elric pas encore damné par le Destin et les actes irréparables commis quelques années plus tard, pas tout à fait altruiste mais presque. Ce qui donne une autre approche du personnage, plutôt intéressante. C'est l'occasion aussi de découvrir un de ces méchants (réellement damnés, eux) comme on en trouve dans les histoires d'Elric, dont l'existence futile n'est conditionnée que par la fonction à laquelle ils sont destinés... et rien d'autre !
Ca fait limite peur, quoi
J'ai beaucoup aimé aussi la faune décrite dans cette histoire, aussi bien dans le monde "réel" (aah, les scarabées incendiaires !) que dans ces fameux Royaumes des Songes (dont je m'abstiendrais de faire la descriptions, tant ces monstres peuvent être glauques et malsains) : cela rajoute une touche d'originalité en plus à des univers déjà assez particuliers et atypiques en soi. On dit souvent que Michael Moorcock est un formidable créateur de mondes et ce n'est certes pas moi qui contredirait cette assertion ; on a ici réellement l'impression d'être ailleurs, transporté, très très loin de chez nous et de notre conception habituelle du monde.
En résumé, j'ai adoré cette Forteresse de la Perle, qui bien que ne s'inscrivant pas dans le cycle originel, permet à l'auteur d'aborder d'autres thèmes et facettes de son personnage, à travers un récit à la fois captivant et non dénué de fond. Il faudra encore attendre le volet suivant pour entrer pour de bon dans le vif du sujet (du moins en ce qui me concerne), mais c'est à partir de là que j'ai vraiment commencé à accrocher à Elric et son univers.
De plus, on sent le style de Moorcock ici beaucoup plus maitrisé et affirmé que dans les années 60, notamment avec des descriptions plus riches et des personnages plus poussés, mieux travaillés.
Je dirais donc que c'est un très bon crû, qui comble bien les zones d'ombres du passé de l'albinos maudit, à peine abordé dans les premiers récits. On peut même lire ce roman sans avoir suivi le reste, ce qui est toujours pas mal pour s'initier à un auteur ou un cycle.
A lire donc, pour les amateurs de (dark) fantasy qui aiment bien réflechir tout en voyageant