Synopsis :Et ce fut l'Ere des jeunes Royaumes.
Des héros se dressèrent. Des prophéties s'accomplirent. Près du Désert des Larmes, Elric au funeste renom crut trouver un sursis en compagnie d'une femme. Le chaos et la Loi rassemblaient leurs forces en vue de l'assaut. Qui serait l'ultime victime ? Le prince albinos regardait la lame noire qu'il avait tant haïe ; elle avait tué ses amis et ses maîtresses, volé leurs âmes pour soutenir ses forces évanescentes.
Cette fois elle voudrait plus. Il se sentait nargué. Alors il crut entendre un rire sauvage emplissant l'univers des échos de sa joie impie. Et quand vint l'heure, il comprit que c'était dérisoirement simple, et qu'il savait depuis toujours.
Avis personnel :Serais-je original en afffirmant que cet ultime (véritable) volet des aventures d'Elric en est l'apothéose ?
Très certainement le meilleur du cycle ?
Ben oui, au risque de paraître pitoyablement banal, ce Stormbringer est le sommet de la saga, aussi bien en terme d'action pure que de démesure ou de batailles titanesques. C'est aussi dans ce dernier épisode qu'Elric découvre enfin son véritable (et tragique) destin, qui effectivement - tout le monde le lui rabache à tue-tête pour bien enfoncer le clou lol - est peu enviable. Je me doutais pas forcément d'un truc dans ce genre en ouvrant le premier tome et je dois dire que c'est une destinée à la mesure du personnage. Une espèce de héros maudit qui nous montre ce qui se cache réellement derrière l'appelation de Champion Eternel.
Dans ce tome (dont toutes les nouvelles forment un vrai tout, une première tentative de "roman" comme l'explique Moorcock en préambule), les sorciers guerriers de Pan Tang s'allient aux forces obscures du Chaos pour conquérir le monde une fois pour toutes et si encore une fois l'intrigue est assez sommaire, l'auteur ne se prive pas pour dépeindre cette fresque barbare avec un sens de la démesure et du grandiose rarement atteint.
En quelques lignes, il nous brosse des portraits et des visions d'apocalypse assez hallucinantes, avec
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ce monde se transformant peu à peu sous l'influence du Chaos. Et je dois dire que c'est franchement flippant et malsain par moments, à la limite de l'écoeurant.
Ce sera aussi l'occcasion pour Elric autant que pour le lecteur de découvrir la race des Nihrain, hérauts du Destin et à l'incroyable longévité. Les passages se déroulant dans leur vaste cité souterraine m'ont d'ailleurs fait frissonner de plaisir, avec cette incroyable impression d'antiquité qui s'en dégage.
Un peu comme le passage des nains de la Moria dans le SDA, mais avec ce petit truc en plus qu'on (enfin que "je") ne retrouve que dans la plume de Moorcock.
Bref, plein de découvertes surprenantes, de rebondissements et un Elric majestueux, héroïque et éblouissant de classe insolente, qui connaissant enfin son destin et son rôle à jouer dans tout ça, endosse ce rôle jusqu'au bout et sans faillir, sans faiblir.
L'anti-héros par excellence se transformant en légende et honnêtement, à la lecture de certaines scènes, je comprend facilement comment l'albinos a pu devenir cette figure mythique pour toute une génération. Le moment, par exemple
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où ce dernier arrive à la capitale de Pan Tang, prêt à affronter le grand Théocrate et les Seigneurs du Chaos (avec ce décor génial de désolation et de statues hurlantes, glauque et terrifiant à souhait). Il sait d'avance qu'il a toutes les chances de se faire écraser, mais porté par son désir de vengeance et ses couilles - pas d'autre mot lol - il pénétre dans la Cité Hurlante en écrabouillant tout ce qui passe et se présente devant ses ennemis avec toute l'arrogance et l'assurance des Grands, quelle qu'en soit l'issue : j'ai juste trouvé ça dément ! J'avais un sourire idiot sur le visage en lisant ce passage, voir Elric défier des puissances bien au-delà de la sienne, mais jouer tout de même la carte de la provocation juste pour les faire chier lol
Oui, Elric est bel et bien une figure légendaire et il mérite plus qu'amplement dans les lignes de ce Strombringer ce statut.
On en apprend plus également dans ces lignes sur la nature réelle de son épée maudite (doù le nom du "roman" choisi en conséquence) et ça aussi, ça vaut son pesant de cacahuètes !
Je n'en dirais pas plus, mais ce huitième tome conclut formidablement les aventures d'un héros à part, à la fois en dehors des normes et en même temps possédant tous les attributs des grandes figures mythiques. Et quand Moorcock décrit l'affrontement final conduisant à la fin d'une ère, on ne peut que rester bouche-bée, avec ce sens de l'emphase et de l'économie (les deux ne sont pas incompatibles) qui font évidemment de lui un des Grands de la fantasy moderne
- même si ces écrits datent de plus de 40 ans, eh oui déjà !Bref, une conclusion à la hauteur de la saga et qui donne envie d'en savoir plus encore sur le personnage-concept de Champion Eternel, que l'auteur ne s'est pas privé d'explorer à travers maintes autres histoires et héros. Du grand art, tout simplement !