Helliconia, planète de type terrestre, surveillée depuis des siècles par un satellite terrien, tourne autour de deux soleils, Batalix et Freyr. Son orbite autour de Batalix dure une petite année de quatre cent quatre-vingts jours. Mais elle accompagne Batalix autour de Freyr en mille huit cent vingt-cinq petites années. Parce que Freyr est une étoile géante et que cette grande orbite est très elliptique, Helliconia connaît un terrible hiver de plus de cinq cents ans, un été torride de même durée, et entre les deux un bref printemps. Ces saisons sont si longues que les habitants d'Helliconia, humains et phagors, n'en conservent pas le souvenir, sauf dans leurs légendes. Pour Yuli, le chasseur, le printemps d'Helliconia, c'est le monde à l'envers, la révolution, le dégel de l'histoire...
Avis personnel :Ca fait très longtemps que je désirais commencer ce cycle. Et maintenant me voilà plus qu'embarrassée. Cette première lecture a été plutôt laborieuse. Je m'attendais à un planète-opéra grandiose avec des personnages charismatiques qui s'épanouiraient au soleil après un long hiver et il se trouve que c'est à la fois ça et pas du tout.
En fait, le livre se présente sous forme de chroniques, de chroniques presque impersonnelles, à tel point que j'ai eu l'impression de lire un livre d'histoire. L'auteur a crée un monde surprenant, parfaitement cohérent - de mon point de vue hein, je ne suis pas scientifique - d'une richesse incroyable. Il nous le décrit avec une foule de détails et le hic, c'est qu'il le fait presque trop bien.
C'est rude, brutal, c'est la loi de la survie. C'est un réveil soit, mais homme, bête et plante se réveillent abrutis par près de 1000 ans de ténèbres et de froid intense. Tout ce qu'il y a pu y avoir de savoir, de connaissances ne sont plus que des bribes de superstitions déformées qui n'ont plus de sens que pour une poignée d'élus.
Donc, au temps pour le charisme et les faits d'héroïsmes. C'est la loi du plus fort qui prime; on oublie le bon, c'est le règne de la brute et du truand : les guerres entre clans, contre les non-humains, contre les animaux sauvages, contre la maladie...
Les courants de pensées sont réduits au plus bas et la religion, ou plutôt devrais-je dire le fanatisme tiennent les hautes sphères du pouvoir. Cette partie avait d'ailleurs l'air tellement vrai qu'elle m'a profondément ennuyée et agacée. On aurait dit la période de l'obscurantisme terrestre.
L'espérance de vie des habitants - humains - est très courte et pendant une bonne partie du livre, on survole deux ou trois générations, toujours presque sous forme de chroniques.
Les premiers retours de chaleur ont été un peu plus satisfaisant, car la description de l'étonnant éco-système de ce monde est passionnante. Et enfin, on commence à se focaliser sur un petit groupe d'hélliconiens, ce qui était quand même un peu plus satisfaisant pour moi.
On assiste aux premiers pas des hommes dans un monde de lumière à mesure que le froid recule. On voit les diverses réactions, pas toujours favorables, à ce changement si profond qui bouleverse un millénaire d'engourdissement. On assiste également aux premiers prémisses d'un renouveau de pensée, des premières lueurs de curiosité, d'interrogations et également d'intelligence et de compréhension.
Bref, tout cela a l'apparence, le goût et l'odeur du vrai. Je n'ai pas eu l'impression de lire un roman, mais plutôt des chroniques, ou des comptes-rendu et voilà pourquoi je suis si embarrassée. Je suis donc admirative de ce qui est, je trouve, un joli tour de force, parce que créer de toutes pièces un monde qui a l'air plus vrai que vrai, ça n'est pas à la portée de tout le monde. Mais je suis également déçue, parce que ce n'est pas là ce à quoi je m'attendais.