Sherryn Adepte
Messages : 2963 Date d'inscription : 03/09/2009 Age : 37 Localisation : Beh chez moi -^.^-
| Sujet: Le chant des loups [Histoire courte. Urban Fantasy. Yaoi soft] Mar 30 Avr - 9:55 | |
| Résumé : Fabrice est amoureux de Damien. Le jour où son coeur amoureux le pousse à suivre celui-ci après les cours, il découvre son secret et entre dans un univers de vampires et de loups-garous. Commentaire : Une histoire courte que j'ai écrite pour m'amuser et parce que je manque d'expérience dans ce domaine ^^. Le défi était de me limiter à 15'000 signes ! Note : On m'a signalé qu'il manquait un déterminant "les" à endroit, si en passant vous le localisez, vous me rendrez service en relevant la phrase ^^' Si vous aimez, n'hésitez pas à découvrir mes romans (site d'auteur dans ma signature). Le chant des loups Promis, juré, il n’avait jamais eu de mauvaises intentions. Non, aucune. Il était juste amoureux. Suffisamment amoureux pour quelques folies, certes, mais rien de bien méchant. Après tout, qui n’a jamais suivi l’élu de son cœur au sortir de l’école ? Juste pour voir ses lieux de fréquentations : les bistrots où il va boire, ses magasins préférés, et bien sûr, la maison où il habite. Ainsi, en suivant Damien ce jour-là, il n’avait aucun autre motif qu’un désir innocent de mieux le connaître, parce qu’il l’aimait en secret, comme tous les adolescents ont un jour aimé en secret. Il n’avait pas l’intention de voir ce qu’il n’aurait pas dû voir, de trouver son ami dans une position compromettante, encore moins de se trouver pris dans une querelle entre loups-garous et vampires. Et maintenant, pieds et poings liés avec lui au fond d’une cave obscure, le cœur battant à ses tempes, il se demandait comment diable ils allaient bien pouvoir s’en sortir.
Cela faisait déjà quelque temps qu’il se doutait qu’il aimait les hommes. Il avait quinze ans après tout ; à son âge, la plupart des garçons avaient déjà eu quelques copines, connu leurs premiers flirts. Certains avaient même déjà franchi le pas. Les filles étaient au cœur des conversations masculines, pour peu bien sûr qu’elles ne soient pas là, auquel cas chacun se trouvait bien trop occupé à leur tourner autour. Mais lui, il avait eu beau chercher à s’y intéresser, il n’avait jamais réussi à les trouver attirantes. Certaines étaient jolies et faisaient des amies sympathiques, mais aller plus loin, il n’en était pas question. La seule idée induisait en lui en certain malaise. Alors, à quinze ans, Fabrice était un garçon plutôt solitaire. Il cultivait un look d’intello, frange et lunettes comprises, et s’appliquait à ses études. Autant de prétextes pour échapper à ces conversations stériles auxquelles il se gardait bien de prendre part. Et puis, ses doutes s’étaient mués en certitude le jour de son entrée au lycée. Il n’oublierait jamais la première fois qu’il avait vu Damien ; le jeune homme s’était fait remarquer par son arrivée tardive, de sorte que tout le monde était déjà assis lors de son entrée dans la classe. Le silence s’est abattu quand la porte s’est ouverte pour le laisser passer. Il a balayé la salle de son regard bleu, quasi-dissimulé derrière ses longs cheveux noirs. Il s’est excusé poliment avant de gagner une place libre vers le fond de la classe. Fabrice avait retenu son souffle lorsqu’il était passé près de lui ; son cœur caracolait dans sa poitrine. Par la suite, il s’était souvent retourné pour l’observer discrètement. Rares étaient les cours qui semblaient passionner Damien. Il n’était pas mauvais élève, mais de toute évidence il trouvait le paysage plus intéressant que la vision du professeur debout près du tableau noir. Fabrice ne se lassait pas de le regarder. Il appréciait son profil, et chacun de ses gestes avait quelque chose de séduisant. Même le son de sa voix lui plaisait, et très vite, Fabrice comprit qu’il était amoureux de son camarade de classe. Mais il savait qu’il n’oserait jamais se rapprocher de lui. Lui adresser la parole constituait déjà un exercice presque insurmontable, auquel il ne s’était hasardé que rarement, et dont il était ressorti chaque fois avec un air confus et un indicible sentiment de ridicule. Il se voyait encore moins lui proposer de passer du temps ensemble après la fin des cours ; car Damien, avec sa veste en cuir et ses bracelets de piques, ne fréquentait de toute évidence pas les mêmes milieux que lui, Fabrice, avec son sac à dos bleu marine et son jean bien repassé. Et puis, beaucoup de garçons attirées par des filles se cassaient les dents sur elles, et vice-versa. Les couples hétéros avaient déjà tellement de peine à marcher. Alors deux garçons ? Même pas la peine d’y penser !
Un soir, Fabrice n’y tint plus et se résolut à suivre les traces de son camarade. Il voulait absolument le connaître mieux. Il avait juste envie de mettre ses pas dans les siens, de marcher dans les mêmes rues que lui, de voir les mêmes paysages, de respirer le même air. Il voulait le regarder juste un peu plus longtemps. Il ne se doutait pas qu’il s’apprêtait à pénétrer dans un univers dont il ne savait rien. Comme le mois de novembre touchait à sa fin, la nuit tombait tôt. La ville ne tarda pas à revêtir un aspect obscur. Damien s’engouffrait de ruelles en ruelles. Il marchait à grands pas et semblait de plus en plus nerveux. Lorsqu’il s’engagea dans un énième passage anonyme, Fabrice le suivit sans hésiter… puis s’immobilisa, interdit : il se trouvait seul dans une voie sans issue. Il regardait de gauche à droite, incertain de l’attitude à adopter, quand un poids le plaqua brutalement contre un mur. Une main l’agrippait fermement par le col tandis qu’un regard azuré le fixait d’un air furieux. L’expression de Damien le terrifia : l’impressionnant jeune homme qui l’avait séduit s’était métamorphosé en un individu menaçant. La colère déformait littéralement ses traits, lui donnant l’allure d’une bête sauvage. - Pourquoi me suis-tu ? gronda-t-il. Tu es l’un des leurs ? Fabrice, stupéfait, ignorait que répondre. Soudain, Damien approcha le visage de son cou et le renifla longuement. Quand il se redressa, ses yeux reflétaient davantage de calme, mais pas moins de perplexité. - Non, poursuivit-il. Ton sang est chaud et coule dans tes veines. Tu n’es pas un vampire. Il le relâcha. Fabrice rajusta son col d’une main tremblante. Avait-il bien entendu le mot « vampire » ? Quel genre de secte bizarre Damien pouvait-il bien fréquenter ? Avant qu’il n’ait eu le temps de reprendre ses esprits, Damien sursauta à nouveau. Il se redressa bien droit, comme s’il défiait l’obscurité naissante. Avec un certain malaise, Fabrice se rendit compte qu’ils étaient encerclés : des silhouettes se détachaient lentement des murs. Grandes et fines, elles marchaient avec l’assurance et la souplesse de léopards. Et l’aura de dangerosité, aussi. L’une d’elles, qui paraissait être le chef, prit alors la parole : - Je ne sais pas qui est ce garçon, mais nous lui devons tous nos remerciements. Il t’a fort bien distrait ; tu étais tellement focalisé sur lui que tu ne t’es même pas aperçu de notre présence, alors que nous étions si nombreux ! Je n’aurais jamais pensé que t’attraper serait un jeu d’enfant. - Vous ne me tenez pas encore ! rugit Damien. Mais même s’il ne comprenait pas très bien ce qu’il se passait, Fabrice voyait bien que son assurance n’était que façade. - Allons, allons, reprit son adversaire. Tu es un grand garçon, et tu sais être raisonnable quand il le faut. La nuit n’est pas encore tombée, tu es seul, dans l’incapacité de te métamorphoser ; tu n’as aucune chance contre nous et tu le sais très bien. Et puis, tu ne voudrais pas qu’il arrive malheur à ton ami, n’est-ce pas ? À ces mots, Damien jeta un regard courroucé à Fabrice, qui prit soudain conscience d’être à la fois en danger et une gêne pour son compagnon. Damien réfléchit, puis il hocha la tête et dit, résigné : - Très bien. Mais ne lui faites aucun mal.
Deux heures s’étaient écoulées depuis. Fabrice et Damien étaient ligotés dans le noir, les poignets et les chevilles entourés d’une corde si fortement serrée qu’ils en avaient les muscles endoloris. Une faible clarté leur parvenait par une ampoule tremblotante restée allumée dans le couloir, filtrant à travers les interstices d’une porte écaillée mais d’aspect solide. Pour la dixième fois, Fabrice tenta de lui tirer les vers du nez : - Bon, tu m’expliques ? Tu es quoi, exactement ? Un fils de banquier ? Un maffieux ? Et eux, qu’est-ce qu’ils te veulent ? Bon d’accord, j’ai compris : tu m’en veux, c’est à cause de moi si tu es ici. Cela dit, j’ai quand même l’impression que ce n’est pas totalement de ma faute et qu’ils t’en voulaient déjà à la base. Le silence s’étira, puis : - Mais dis quelque chose, bon sang ! Nous sommes tous les deux dans cette galère. J’ai quand même bien le droit de savoir pourquoi je suis enfermé ici. Et mes parents vont s’inquiéter. Un grognement lui parvint enfin : - Les miens aussi, je te signale. Tiens, avait-il touché une corde sensible ? Il semblait que oui, car sans même que Fabrice ait eu à le solliciter davantage, Damien reprit la parole : - Tout est de ta faute ! Il m’a fallu des mois pour les convaincre de me laisser fréquenter un lycée ordinaire, à l’écart de la Meute, où je pourrais côtoyer des gens normaux. J’ai toujours rêvé d’être libre dans le monde extérieur, mais tu as tout gâché ! Après ce qu’il vient de se passer, ils ne me laisseront plus jamais y retourner. Si tu n’avais pas été là, j’aurais pu me défendre seul. Et d’abord, pourquoi tu me traquais ? Tu es à la solde des vampires ? Rendu muet de stupeur par cette attaque verbale, Fabrice reprit cependant très vite contenance. - Je ne te traquais pas. Et je n’ai rien à voir avec ces… vampires. Je ne vois même pas de quoi tu parles. - Alors pourquoi me suivais-tu ? Car tu me suivais, ne mens pas ! - Eh bien, je… Je suis amoureux de toi, voilà. Un grand silence tomba. Fabrice ne s’imaginait pas faire sa déclaration dans ces circonstances. À vrai dire, il imaginait plutôt ne jamais la faire du tout. Plusieurs minutes s’écoulèrent, avant que Damien, qui était resté bouche bée, ne s’exclame enfin : - Pardon ?! - Tu as très bien entendu. Je t’aime. Tu veux que je te le dise autrement ? Je suis fou de toi. Je pense à toi toute la journée. Tu hantes mes nuits. Et c’est avec toi que je m’imagine quand je me… - Wow, stop, pas de détails ! Laisse-moi digérer, s’il te plaît. Fabrice le laissa sagement se remettre la nouvelle. Dire qu’il s’était cru timide… Il ne se reconnaissait plus. - Bon. Donc, tu es amoureux de moi. Et tu me suivais parce que ton cœur de midinette en fleur te donnait envie de me suivre partout. C’est ça ? - Oui. - Tu es un imbécile. - J’avais cru comprendre. - Tu n’imagines même pas dans quoi tu t’es fourré ! - J’avoue que j’apprécierais une ou deux explications. - Bon, eh bien, puisque l’heure est aux confidences… Je suis un loup-garou. - Pardon ?! - Ah non, ça c’est ma réplique. Malgré leur situation, Fabrice ne put empêcher un sourire de se dessiner sur ses lèvres. Bon, s’ils étaient encore capables de plaisanter, alors ça ne pouvait pas aller si mal que ça. - J’ai un peu de mal à y croire… Tu te transformes à la pleine lune ? - Non, ça c’est du romantisme d’humains. Mais j’ai effectivement besoin de la lune pour me transformer. - Pourquoi ces vampires t’ont-ils capturé ? - Comme tu t’en doutes, ils boivent du sang. Ils s’intéressent au cheptel des environs, mais ma famille est là pour les en empêcher. Ils m’ont probablement kidnappé en espérant faire chanter mon père, parce qu’il est notre chef, et négocier avec lui le droit de tuer quelques clochards. - Mais ce serait du meurtre ! - Ce sont des vampires. Ils se turent. L’obscurité s’épaissit davantage. Puis, Fabrice demanda timidement : - Ta famille viendra-t-elle nous sauver ? - Oui, ne t’inquiète pas. Même si je n’apprécie guère cette humiliation.
Et effectivement, au petit matin, ils étaient libres. Fabrice garderait les souvenirs d’une nuit d’angoisse, d’une veille interminable, les bruits furieux d’un combat sauvage, et puis un son qu’il n’aurait jamais cru entendre en pleine ville : le chant des loups. Damien affirmait que les gens ordinaires ne se douteraient de rien, qu’ils croiraient juste qu’une bande d’adolescents avaient connu une nuit un peu trop arrosée. C’est d’ailleurs ce qu’afficheraient les journaux le lendemain, concernant le fracas nocturnes. C’était presque l’aube quand les bruits de portes défoncées, de meubles renversés et de glapissements effrayés avaient cessé et que leurs sauveteurs avaient surgi. Ils avaient tous quatre pattes, des yeux luisants et des crocs acérés. Fabrice, intimidé, n’avaient pas osé poser trop de question ; il se demandait juste, inquiet, si quelqu’un allait lui effacer la mémoire ou il ne savait quoi, c’était après tout ce qu’écrivaient tous les romans fantastiques. Mais quand il se retrouva à son bureau, le lendemain, à écouter le cours ennuyeux du professeur de géographie, il comprit que ce ne serait jamais nécessaire. Il pouvait bien raconter à qui voudrait l’entendre ce qu’il avait vu, qui le croirait ? À ses propres parents, il avait fait croire une sortie imprévue, une fille qui lui aurait fait les yeux doux, un élan de révolte. Il avait récolté un sermon interminable et une punition d’un mois où il serait privé de sortie, d’argent de poche et de corvée de vaisselle à la fois. Ce qui avait été long à traverser. Quant à Damien, il n’était pas réapparu depuis, et c’était bien ça le plus triste. L’école avait reçu une attestation d’hospitalisation, que Fabrice savait fausse ; il s’attendait à recevoir d’un jour à l’autre une confirmation de départ définitif, un déménagement, n’importe quoi. Il patientait avec appréhension, convaincu d’avoir perdu Damien à jamais. Il aurait tant voulu en savoir davantage sur cet univers qu’il n’avait fait qu’entrapercevoir, qui avait bouleversé sa perception de la réalité, qui l’avait laissé avec tant de questions sans réponse. Mais le pire était sans doute sa déclaration manquée. Il ne saurait jamais ce que pensait Damien de ses sentiments.
Et puis, l’impossible survint : un mois après ces événements, Damien réapparut. Il franchit la porte de la classe en s’excusant de son retard, donna de ses nouvelles avec politesse, puis gagna sa place vers le fond. En passant près du bureau de Fabrice, il se pencha pour lui glisser à l’oreille : « Je compte sur toi pour me prêter tes cours des dernières semaines. » À la pause, dans la salle de classe vidée, Fabrice attendit, le cœur battant, que Damien lui expose les raisons de son absence. Il n’eut même pas à les demander : - J’étais puni, lui dit Damien. Ce mois d’absence, c’était ma punition pour m’être fait avoir aussi stupidement et me rappeler les règles de prudence élémentaire. Ils m’ont mis aux travaux publics, j’en ai bavé. Mais c’est terminé, maintenant. Et je vais tout te dire de moi. - Tu es sûr ? Fabrice n’en croyait pas ses oreilles. N’était-ce pas secret ? - Tu nous as vus, alors mieux vaut une connaissance complète que partielle, cela te rendra moins menaçant pour nous. Mais ta vie ne sera plus jamais la même. Es-tu prêt ? - Oui. - Et puis… J’ai beaucoup pensé à toi durant ma punition. Je ne pensais pas recevoir un jour une déclaration d’amour de la part d’un mec. Fabrice battit des paupières. - Tu es dégoûté ? - Non, intrigué. Normalement, je t’avoue, je t’aurais dit non directement. Mais vu les circonstances, je n’ai pas pu te rendre réponse. Et puis, je me suis aperçu que l’idée n’était pas déplaisante, un peu exotique, même. J’ai commencé à y songer de plus en plus sérieusement. Tu parais digne de confiance, et à bien y regarder, tu n’es pas si mal. Fabrice avait le souffle coupé. - Qu’est-ce que ça veut dire ? Alors Damien se pencha sur lui, et l’embrassa doucement. - Ça veut dire « Oui », imbécile. On sort ensemble. OK ?
Dernière édition par Sherryn le Dim 5 Mai - 10:23, édité 2 fois | |
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