Synopsis :Des histoires de fantômes prétextes à des jeux interdits où les enfants rient pendant que leurs parents pleurent.Les studios de M.G.M. maquillés en usine d'armement pour abuser l'ennemi en 1940.D'étranges tours de cartes dans un train de nuit en direction de Cincinnati.Un bien curieux voleur qui s'empare des vieilles lettres d'amour d'une femme de quatre-vingt-deux ans.Une famille qui a acquis un broyeur à ordures d'un type tout nouveau, rugissant comme un lion dès qu'on lui donne à manger.
Camouflage, illusion, gémellité, Bradbury renverse les rôles et retourne le gant en vingt et un récits espiègles et tendres.Avis personnel :Le 4e de couv' est plutôt bien fait, parce qu'en quelques lignes à peine, tout est dit.
Ce recueil de nouvelles assez courtes se lit plutôt bien et assez vite, avec beaucoup de variété dans les thèmes abordés. Le ton est plutôt celui de la nostalgie et de la mélancolie avec des chutes souvent assez cruelles cependant, donnant à certaines de ces histoires des allures de contes modernes ou de mauvaises farces. Mais rien de réellement méchant, non : ce que Bradbury nous montre ici, c'est la triste vérité de notre société où le bon côtoie le mauvais, le héroïque et le banal, le sordide et le féerique, souvent sous le même toit ou la même personne. L'être humain a cela de fascinant qu'il possède d'innombrables facettes allant du meilleur au plus abject et Bradbury en peint ici le portrait sans faux-semblant, mais sans chercher les extrêmes non plus.
Ce qui explique la grande variété de tons que l'on retrouve dans chacune de ces nouvelles (voire même de petites saynètes pour certaines) : ainsi va-t-on de la tendresse à l'amusement, de la fascination à la perplexité, voire l'incrédulité la plus totale - j'ai en effet eu du mal à comprendre où certaines voulaient allaient, malgré la plume toujours limpide de l'auteur.
Car il faut bien le dire aussi, si on prend du plaisir à lire ces histoires, c'est avant tout grâce à la pose de Bradbury. Toujours simple et concis dans son propos (mais pas simpliste) et réussissant à toucher le cœur en à peine quelques mots, il prouve encore une fois qu'il possède la marque des Grands. Est-il encore besoin de le prouver, de toutes façons ?
Ceux qui ont découvert Bradbury (comme moi) avec ses grands récits SF/d'anticipation n'ont pas à avoir peur : si ces brefs récits ont les pieds ancrés dans notre quotidien, les qualités narratives de l'écrivain font toujours effet et c'est avec un réel plaisir que l'on tourne les pages d'une nouvelle à l'autre.
Mention spéciale à "Vous ne me reconnaissez pas ?" (le genre de situations embarrassantes dans lesquelles ont s'est tous déjà retrouvé un jour lol), "Rien ne change jamais" qui pourrait presque s'aventurer en territoire fantastique si Bradbury ne choisissait de traiter son thème (excellent par ailleurs) à hauteur d'homme ou encore "le miroir", qui porte parfaitement son nom et perpétue la tradition de la fable au destin cruel mais parfaitement en accord avec sa thématique. Mais en vérité, je pourrais presque dire un petit mot sur chacune de ces histoires, tant chacune possède son petit truc, son clin d’œil sympathique ou son renvoi à une situation connue qui nous fait penser que malgré la légèreté apparente du propos, Bradbury a parfaitement saisi ce que notre monde possède de merveilleux et de tragique à la fois.
Et il le célèbre ici de façon aussi douce et drôle que délectable.
A lire, donc, pour ceux qui ont aimé l'auteur derrière Un Remède à la Mélancolie
(et les autres aussi, hein).