[Film] L'homme de sa vie

Film 2006
Réalisé par Zabou Breitman
Avec Bernard Campan, Charles Berling, Léa Drucker...

Synopsis
Comme chaque été, Frédéric et sa femme Frédérique (aussi) vont passer les vacances dans leur grande maison perdue au milieu de la Drôme, avec une bonne partie de leur famille.
Un soir, ils invitent à dîner Hugo, leur nouveau voisin, qui affiche avec amusement son homosexualité.
Hugo et Frédéric, restés seuls à discuter de l'amour jusqu'à l'aube, vont nouer une relation qui va jeter le trouble dans leur coeur et dans leur entourage... (allociné)

Mon avis :
Un film qui me laisse vraiment un sentiment étrange...
Sur l’instant, après le générique de fin, je n’étais pas sur d’avoir aimé, tellement il est en décalage avec ce qu’on a l’habitude de voir. A tel point que je n’étais même pas sur d’avoir assez à en dire pour faire un sujet dessus. Et puis ce matin, à peine réveillée, il était déjà là et ne me lâchait plus, et finalement, plus j’y pense, et plus je l’aime.
Ce qui désarçonne d’abord, c’est ce montage structuré différemment de ce qu’on a l’habitude de voir, pas vraiment en flash-back, mais avec des aller-retour, en avant, en arrière, ou en changeant de point de vue sur un même moment de l’histoire, c’est léger, mais ça intrigue, au début j’ essayais automatiquement de rationaliser en remettant chaque chose à sa place, mais finalement on lâche prise et on voit que ça coule de source.
Ensuite il y a tout ces plans (magnifique) dont on se demande d’abord l’utilité et qui finalement sont indispensable à l’ambiance du film et qui contribuent à le rendre si beau  (le jeu des ombres et des lettres, des mouvement d’eau, de lumière ou d’objet, etc...).

Et puis ce qui donne vraiment toute sa force et sa beauté au film, c’est vraiment ce jeu d’acteurs merveilleux, à ce niveau-là, ça frôle la perfection ! Les dialogues sont là seulement pour compléter et accompagner, mais toute l’histoire se passent dans les regards, les mouvements et les attitudes de ce « triangle » amoureux. Les personnages sont vraiment magnifiquement servie.
Léa Druker (actrice que j’aime beaucoup, mais que je n’avais pas encore eu l’occasion de voir dans un rôle de cette importance), dont tout le corps transpire de l’amour et la complicité qu’elle a avec son mari, puis de la souffrance qui s’empare d’elle quand elle s’appercoie (avant qu’eux-même ne le voit) de ce qui se passe entre son mari et son nouveau voisin. Elle nous montre tout sans un mot, seulement dans ses  regards.
Bernard Campan, bon sang, qu’est-ce qu’on perd parfois à cantonner les acteurs dans les mêmes rôles, imaginez qu’on ai laissé cet ancien « inconnus » continuer à faire uniquement le comique, quel dommage ça aurait été, il est si intense dans ses rôles dramatiques !!! Je l’avais déjà beaucoup aimé dans « Se souvenir des belles choses »,  ici il est encore une fois excellent. Ce personnage qui déborde d’amour, de fragilité, d’incompréhension, de doutes, d’hésitation et de tendresse...
Et pour finir un Charles Berling magistrale, au départ, il dégage un tel charme, qu’homo ou hétéro, je crois qu’on est tous obligé de succomber, et puis, ensuite il est cet homme qui se vantait de ne pas vouloir aimer, qui rationalisait et maitrisait tout,  et qui petit à petit ouvre une brèche de souffrance et d’amour dans tout son être.

Merci à Zabou Breitman d’avoir cessé d'être cette petite actrice rigolote qu’on a connu pour devenir cette formidable réalisatrice !! Je n’ai pas encore vu « Je l’aimais », mais j’en meurt d’envie maintenant !!
Il y a une telle émotion dans ses films. Tout y est subtilement suggéré, en douceur, par les images qu’elle nous offre, et surtout par cette direction d’acteur (et un casting) impeccable !!
Je suis bien consciente que son style ne plaira pas à tout le monde, que certains y verront lenteur ou ennui, mais ceux qui se laisserons prendre vivrons vraiment un beau moment de cinéma.