Pour ma part, je suis bien rentré dans ce 3e tome !
Ce que j"attendais tout le long de L'Assassin du Roi démarre ici pour de bon et après un premier tome surtout introductif, c'est dans ce volet que commencent enfin les choses sérieuses. Une fois n'est pas coutume, commençons par le négatif : le titre du roman correspond mal à son contenu. En effet, tandis que Vérité propose à Fitz
- Spoiler:
d'accompagner les soldats sur ses navires lors des raids contre les Pirates Rouges, on s'attends presque à ce qu'une bonne partie du roman se déroule sur l'eau, façon aventures et flibusterie ! Pas que je sois réellement un fan du genre, mais à ce niveau-là, j'ai trouvé le titre un peu trompeur. De même, le mystère du bateau blanc qui semble donner son nom au présent volume n"est qu'à peine évoqué, ce qui amène le lecteur à de fausses attentes... Rien de très grave, mais tout comme le mauvais découpage des tomes, c'est le genre de petites bourdes qui a tendance à me gaver
Heureusement ce n'est qu'un détail et pour le reste, j'ai passé un très bon moment
L'événement majeur de ce volume et que j'attendais depuis le précédent arrive enfin et donne un coup de pied au cul à l'intrigue ; à savoir :
- Spoiler:
la décision de Vérité de partir à la recherche des Anciens, ce qui a aussi pour conséquence (logique) de laisser toute latitude à Royal pour gérer Castelcerf en son absence. Ce que j'ai beaucoup apprécié dans la quête de Vérité n'est pas la quête en soi ou sa finalité, mais toutes les interrogations et conjectures qu'elle soulève. Qui sont les Anciens et existent-ils encore ? Décideront-ils de venir une nouvelle fois en aide aux Six-Duchés ? Humains ou Dieux ? Une foule de questions auxquelles l'auteur répondra avec parcimonie dans les tomes suivants, je n'en doute pas, mais sans lever trop vite le voile du mystère je pense, histoire d'en garder un peu sous le coude. En tous cas ça marche et on a vraiment envie d'en savoir plus, autant sur la mission de Vérité elle-même que sur la nature des Anciens.
L'autre point central de l'intrigue, c'est donc la marche de Royal vers le trône. Le personnage était déjà détestable depuis le début, mais il atteint ici des sommets de lâcheté, de traîtrise et de perfidie, allant jusqu'aux plus basses machinations contre son propre sang. Je n'ai pas été surpris outre mesure par les différentes mesures qu'il prend tout au long du roman, mais le voir démanteler peu à peu Castelcerf pour aller installer sa cour dans les duchés de l'Intérieur a néanmoins quelque chose d'irrévocable et définitif. Et qui fait également avancer l'intrigue et ses enjeux d'un grand coup. Juste avec ces deux trames, il se passe plus de choses en deux-cent ou trois-cent pages que depuis tout le début du cycle !
Pour le reste, j'ai bien aimé les scènes de batailles (navales ou sur terre), plus nombreuses également, ainsi que les passages avec Œil-de-Nuit, toujours aussi prenants et immersifs. Pour un peu, on sentirait presque son odeur de loup en tournant les pages lol Au passage, j'ai trouvé la plume de l'auteur plus agréable et légère, à mesure que l'intrigue se resserrait et que le rythme se faisait enlevé. Presque ceci est-il une conséquence de cela, mais j'ai en tous cas plus de plaisir à lire ce volume que les deux précédents.
Dommage qu'il y ait encore parfois quelques longueurs, notamment dans les atermoiements sentimentaux de Fitz (prenant d'ailleurs souvent des décisions stupides à trop écouter son cœur lol), car si on pouvait condenser les 400 pages et de patates proposés ici en 250-300 page, on gagnerait beaucoup en impact et en plaisir immédiat de lecture. Du moins, en ce qui me concerne. Et je ne parle même pas de deux tomes réunis (formant un seul en VO) !
Cela dit, ces longueurs permettent aussi à l'auteure de travailler un peu certains aspects de son histoire, comme tout ce qui a attrait
- Spoiler:
au Grêlé, par exemple. A ce propos d'ailleurs, la soirée d’intronisation de Royal est très réussie baignant dans une espèce d'atmosphère fantastique et surnaturelle, sur laquelle plane l'ombre du Grêlé et de ses sombres présages.
Un autre point que je voulais soulever, c'est la façon dont le héros s'en prend plein la gueule lol
Ce n'est pas ça qui m'intéresse en soi, mais la façon dont Robin Hobb maltraite son personnage sans en faire pour autant un stéréotype de héros maudit et tourmenté. Dans la plupart des cas, le héros sans peur-et-sans-reproche se prend quelques claques, affronte quelques obstacles et s'en ressort victorieux avant de reprendre le chemin de sa quête. Souvent, il s'agit plus d'une "pose" cherchant à donner artificiellement de la profondeur à un personnage qui n'en a aucune à la base. Histoire de faire style, quoi.
Fitz, lui, n'est pas un héros maudit, mais passe son temps à se battre dans l'ombre sans jamais voir ses efforts ni reconnus ni récompensés. Et quand il arrive à se sortir d'un affrontement ou d'une épreuve, ce n'est que pour en plonger dans une nouvelle juste derrière, en tentant de sauvegarder les lambeaux de son humanité, dans des situations où est lui est justement déconseillé d'en avoir. Quant à sa vie personnelle, elle est irrémédiablement corrompue et infestée par le poids de ses secrets et de sa loyauté envers la couronne
- Spoiler:
quand il ne s'agit pas de son Vif, qui le met en conflit ou en danger avec la plupart de son entourage.
En cela, le héros est vraiment réussi et le choix de l'auteur de le mettre dans la peau d'un assassin, plus que judicieux car excellemment bien traité. Hormis le petit bémol que je soulevais plus haut sur l'aspect sentimental du personnage lol of course !
Quant à la façon dont ce tome se termine pour Fitz, ouch... je n'en dis pas plus
(enfin, je pourrais quand même rajouter :
).
Et qu'est-ce que je voulais dire d'autre, sinon ?
Bon ben c'est déjà pas mal lol en tous cas j'ai pas mal apprécié ce tome-ci, en me prenant enfin d'empathie pour le personnage et ses aventures et surtout, avec l'envie de savoir ce qui se déroulera par la suite ! Donc voilà, je me dirige sans perdre de temps vers le volume 4
P.S : Ah oui et j'ai adoré le dernier chapitre et l'épilogue !
- Spoiler:
La façon dont Hobb décrit les sensations et la vie quotidienne à travers les yeux du loup, c'est juste génial !