Des gens très bien
D'Alexandre Jardin Présentation de l'éditeur"Tandis que mon père s'endort peu à peu contre moi, je lui parle une dernière fois :
Plus tard, tu ne pourras pas vivre avec le secret des Jardin. Il te tuera...
Tu feras un livre, Le nain jaune, pour le camoufler.
Au même âge que toi, j'en ferai un, Des gens très bien, pour l'exposer.
Et je vivrai la dernière partie de ta vie... La mienne.
Dors mon petit papa, dors...
Ce livre aurait pu s'appeler "fini de rire".
C'est le carnet de bord de ma lente lucidité."
Mon avisCe n’est pas trop le genre de livres ou d’auteurs qui m’attirent en général, mais le thème abordé dans celui-ci m’intéressait, j’ai donc voulu tenter malgré tout.
Au final, je reste assez mitigée après cette lecture.
Je l’ai trouvé très intéressante sur le fond, mais sa forme de m’a pas captivée.
Cela vient sans doute essentiellement du style de l’auteur qui ne me transporte pas, la structure de son récit est assez ennuyeuse je trouve (le seul autre livre que j’ai lu de lui, c’est « L’Île des gauchers », je ne m’en souviens pratiquement plus, mais je sais qu’il m’avait laissé cette même sensation tiède).
Le livre ne contient finalement qu’une succession d’anecdotes qui sont certes intéressante pour nous aider à comprendre l’état d’esprit de l’auteur, son cheminement, la façon dont il se dépêtre de ses origines qui lui pèsent tant, mais elles donnent un ensemble un peu décousu je trouve. Il y manque un fil rouge pour donner une cohérence à l’ensemble.
Du coup, j’ai eu parfois un peu de mal à rentrer dedans.
Ceci dit, le sujet en lui-même est passionnant et je trouve important qu’il soit abordé, parce que même s’il existe des milliers d’œuvres diverses sur cette périodes, rares sont celles qui parle de l’après. Que ce soit du côté des Allemands ou du côté des Français, on y parle rarement de la difficulté que c’est de vivre en étant un descendant d’un de ceux qui a commis toutes ces horreurs.
J’ai aussi trouvé triste de voir que (même s’il vaut sans doute mieux cela à l’ignorance intentionnelle), lorsque le jugement ne se pose pas de l’extérieur sur des gens qui n’ont rien fait d’autres que de venir au monde dans la mauvaise famille, il peut aussi être tout aussi difficile de vivre pour cette personne qui se sent coupable et souffre alors qu’elle n’a pourtant rien fait…
Je pense aussi que ce livre peut être très intéressant à lire pour ceux qui aiment cet auteur, parce qu’il nous en apprend beaucoup sur la personnalité d’Alexandre Jardin, sur la façon dont ses œuvres se sont construite en fonction de ce passé, il y explique aussi comment la légèreté de ses histoires a été pour lui une échappatoire, une façon de cacher par la joie et les sourires les souffrances et la culpabilité qu’il ressentait en raison de ce grand-père si dérangeant.
Par contre, je trouve la fin sans intérêt et en totale contradiction avec l’objet de l’ensemble du livre. Tout du long il ne cesse de nous répéter qu’il veut rétablir la vérité et se démarquer de cette famille qui a toujours enjolivé l’histoire de son grand-père et préféré ignorer ses agissements dérangeants, mais finalement, dans le dernier chapitre il fini par choisir à nouveau la solution de facilité en se tournant vers l’imaginaire, comme s’il n’avait pas su finir ce livre autrement que par un nouveau mensonge pour excuser son grand-père. Je trouve ça vraiment dommage…
En plus, dans ce passage, il ne va même pas au bout de la rencontre, et elle n’en a du coup qu’encore moins d’intérêt.
Pour conclure, je dirais que même si ce livre ne m’a pas toujours captivée, je le trouve tout de même intéressant pour les sujets qu’il aborde et les questions qu’il pose, et je pense qu’il plaira beaucoup aux adeptes d’Alexandre Jardin.